Une diminution du risque de cancer a été observée chez les consommateurs réguliers d’aliments bio, dans une étude française publiée en octobre dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) Internal Medicine.

« Pour les agences réglementaires, les résidus de pesticides dans l’alimentation ne présentent aucun risque pour la santé », souligne Le Monde.

« Mais un corpus scientifique récent, sur les effets des mélanges de molécules et des expositions chroniques à faibles doses, suggère que les risques posés par les traces de produits phytosanitaires sont, au contraire, bien réels pour le consommateur », ajoute le quotidien.

« Toutefois, les rares données épidémiologiques disponibles ne sont pas suffisantes à l’heure actuelle pour conclure à un effet protecteur de l’alimentation bio sur la santé (ou un risque accru lié à la consommation des aliments issus de l’agriculture conventionnelle) », expliquent les auteurs de la nouvelle étude.

Julia Baudry de l'Université Paris 13 (Inra, Inserm) et ses collègues ont basé cette étude épidémiologique sur l’analyse d’un échantillon de 68 946 participants (78 % de femmes, âge moyen 44 ans) de la cohorte française NutriNet-Santé.

Leurs données relatives à la consommation d’aliments bio ou conventionnels ont été collectées à l’inclusion dans la cohorte, à l’aide d’un questionnaire de fréquence de consommation (jamais, de temps en temps, la plupart du temps) pour 16 groupes alimentaires : fruits, légumes, produits à base de soja, produits laitiers, viande/poisson/œufs, féculents/légumes secs, pain/céréales, farine, huiles/condiments, plats préparés, café/thé/infusions, vin, biscuits/chocolat/sucre/confiture, autres aliments, compléments alimentaires.

Des caractéristiques sociodémographiques, de modes de vie ou nutritionnelles ont également été prises en compte dans cette analyse.

« Au cours des 7 années de suivi (2009-2016), 1 340 nouveaux cas de cancers ont été enregistrés et validés sur la base des dossiers médicaux. Une diminution de 25 % du risque de cancer (tous types confondus) a été observée chez les consommateurs “réguliers” d’aliments bio comparés aux consommateurs plus occasionnels. »

« Cela veut dire que chez les petits consommateurs, on retrouve 6 cas de cancers en plus pour 1000 personnes », précise Emmanuelle Kesse-Guyot, relayée par Le Figaro.

Cette association était particulièrement marquée pour les cancers du sein chez les femmes ménopausées (-34 % de risque) et les lymphomes (-76 %).

« La prise en compte de divers facteurs de risque pouvant impacter cette relation (facteurs sociodémographiques, alimentation, modes de vie, antécédents familiaux) n’a pas modifié les résultats ».

« Pour expliquer ces résultats, l’hypothèse de la présence de résidus de pesticides synthétiques bien plus fréquente et à des doses plus élevées dans les aliments issus de l’agriculture conventionnelle comparée aux aliments bio est la plus probable », indique Emmanuelle Kesse-Guyot, coauteure, relayée par Le Monde.

Une autre explication possible est que « des teneurs potentiellement plus élevées en certains micronutriments (antioxydants caroténoïdes, polyphénols, vitamine C ou profils d’acides gras plus bénéfiques) dans les aliments bio », indique le communiqué de l'Inserm.

Du fait qu'il s'agit d'une étude observationnelle, qui de surcroît repose sur le volontariat, un lien de cause à effet n'est pas établi, précisent les chercheurs.

Ses conclusions « doivent être confirmées par d’autres investigations conduites sur d’autres populations d’étude, dans différents contextes », soulignent-ils.

Néanmoins, ces résultats « soutiennent les recommandations du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) émises en 2017 pour les futurs repères alimentaires du Programme National Nutrition Santé (PNNS) visant à privilégier les aliments cultivés selon des modes de production diminuant l’exposition aux pesticides pour les fruits et légumes, les légumineuses et les produits céréaliers complets », concluent-ils.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Inserm, JAMA Internal Medicine, Le Monde, Le Figaro.
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