La loi alimentation votée à l’automne prévoie de suspendre le dioxyde de titane (E171) dans les produits alimentaires, mais le ministre de l’Économie s'y refuse.

Le colorant, omniprésent dans les aliments, se trouve également dans les médicaments et les cosmétiques. Il est, au moins en partie, constitué de nanoparticules. « Cette taille infinitésimale pourrait lui conférer, comme à tous les nanomatériaux, des propriétés toxiques spécifiques ».

L'association de consommateurs UFC-Que Choisir résume la situation :

« Une étude publiée par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) en janvier 2017 avait mis en lumière l’apparition de lésions précancéreuses et une baisse des défenses immunitaires chez le rat.

En mai 2018, la secrétaire d’État Brune Poirson annonçait la suspension “avant la fin de l’année” de l’additif dans les produits alimentaires. La loi alimentation votée à l’automne prévoyait également cette suspension dans son article 53.

Inquiètes des atermoiements du gouvernement depuis lors, 22 organisations dont l’UFC-Que Choisir signaient fin décembre une tribune pour exiger le retrait du E171 des produits alimentaires. »

Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, a fini par répondre, le 8 janvier, sur le plateau de l’émission C à vous (France 5).

L'UFC-Que Choisir poursuit :

« Il faut en effet prouver un “danger grave et immédiat” pour justifier une telle interdiction, faute de quoi la France pourrait se faire taper sur les doigts par Bruxelles au nom du principe de libre circulation des produits. Le ministre de l’Économie a annoncé avoir demandé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) d’accélérer ses travaux au sujet de l’additif pour rendre un avis au plus tard à l’automne. Si l’Anses conclut à un risque, le ministre saisira la Commission européenne qui devra elle-même demander un avis à l’Agence européenne de sécurité sanitaire. Bref, la procédure n’est pas près d’arriver à son terme. Ce que gouvernement et parlement savaient parfaitement avant d’introduire dans la loi un article qui tient plus de l’affichage que de la volonté sincère de protéger les consommateurs », estime l'association.

« L’Anses souligne régulièrement que des doutes importants subsistent à ce sujet. Elle l’a encore fait après la parution de l’étude de l’Inra, insistant sur “la nécessité de conduire […] les études nécessaires à la parfaite caractérisation des effets sanitaires potentiels liés à l’ingestion de l’additif alimentaire E171”.

L’agence a aussi invité à plusieurs reprises les pouvoirs publics à peser l’utilité de chaque nanomatériau. En l’occurrence le dioxyde de titane est un colorant, à visée purement esthétique, dont on peut parfaitement se passer.

C’est d’ailleurs ce qu’ont commencé à faire nombre d’industriels (en particulier des confiseurs) et de distributeurs pour les produits à leur marque, devançant ainsi la surprenante déclaration de Bruno Le Maire selon lequel “dans le doute, c’est aux industriels de s’abstenir”. »

« Plusieurs fabricants avaient délaissé le E171 au profit de substituts. On compte parmi ces derniers le sucre glace amylacé, un sucre très finement broyé et mélangé avec de l'amidon de pomme de terre. Le dioxyde de titane n'est donc pas irremplaçable », souligne le magazine 60 Millions de consommateurs de l'Institut national français de la consommation.

L'additif E171 se trouve aussi dans les médicaments. « Les malades chroniques contraints de consommer quotidiennement des médicaments contenant du dioxyde de titane préféreraient pourtant des gélules et comprimés moins blancs mais plus sûrs », souligne UFC-Que Choisir.

Pour plus d'informations sur le colorant blanc E171 et sur les additifs alimentaires, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : UFC-Que Choisir, 60 Millions de consommateurs.
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