La proportion des hospitalisations dans le secteur public qui sont dues aux effets secondaires indésirables des médicaments est passée de 3,6 % à 8,5 % entre 2007 et 2018, selon une étude du Réseau Français des Centres Régionaux de Pharmacovigilance (RFCRPV) dont les résultats ont été rendus publics le 19 mai 2022.

Ce qui représente 143 915 à 212 500 hospitalisations. La proportion des hospitalisations liées à un médicament augmente avec l’âge : 3,3 % chez les enfants (16 ans et moins), 6,6 % chez les adultes (17 à 64 ans) et 10,6 % chez les aînés (65 ans et plus).

Après un mois de suivi, le taux de mortalité liés à ces effets indésirables ayant entrainé l’hospitalisation était estimé à 1,3 %, soit environ 2 760 décès par an en France.

Cette tendance à la hausse des hospitalisations liées aux effets des médicaments est également observée dans d’autres pays, précise le communiqué du RFCRPV.

Le volume de consommation des médicaments ne semble pas en être un facteur explicatif puisqu’une baisse modeste (moins 4 %) de ce volume a été observée entre les 2 périodes. En revanche, le profil des victimes et le type de médicaments impliqués pourraient expliquer cette augmentation.

En 2007, les anticoagulants oraux (antivitamines K) étaient les principaux médicaments en cause. Depuis, le profil des médicaments impliqués a évolué « en lien avec l’arrivée de nouvelles classes, en particulier les thérapies ciblées, les nouveaux anticoagulants oraux directs et les antidiabétiques de type incrétinomimétiques ».

« Il en découle un profil d’effets indésirables modifié, avec toujours des manifestations hémorragiques (8,8 %) en premier lieu, mais également des atteintes hématologiques (6,5 %), des insuffisances rénales aiguës (6,3 %), des troubles hydroélectrolytiques (6,0 %) et des chutes (5,2 %). On observe également un certain nombre d’hospitalisations consécutives à la prise d’antalgiques opioïdes. »

L’analyse a permis d’estimer que 16,1 % de ces hospitalisations auraient pu être évitées si les médicaments avaient été utilisés par les professionnels de santé et les patients conformément aux recommandations de bon usage.

« Les principales situations de non-conformité sont le non-respect de la dose ou de la durée d’utilisation (27,9 %), d’une mise en garde (23,2 %), ou d'une précaution d’emploi (18,6 %). Il n’y a eu aucun cas de non-respect d’une contre-indication dans cette étude. Dans 11,6 % des cas, l’automédication inappropriée ou le mésusage volontaire par le patient sont le plus souvent en cause dans la survenue de l’effet indésirable médicamenteux. Enfin, les erreurs médicamenteuses étaient la raison d’une hospitalisation évitable dans 9,6 % des cas. »

« En conclusion, l'“iatrogénie médicamenteuse” est un motif plus fréquent d’hospitalisation dans un service de spécialités médicales qu’il y a une dizaine d’années en France. Les résultats de cette étude doivent conduire à engager une réflexion approfondie sur des actions de prévention sur les classes médicamenteuses à risque et sur une information claire sur le bon usage des médicaments qui est mise à la disposition des professionnels de santé et des patients. »

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Psychomédia avec sources : Réseau Français des Centres Régionaux de Pharmacovigilance (communiqué), RFCRPV (rapport complet).
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