Un grand nombre de variations génétiques courantes augmentent, lorsque combinées, le risque de schizophrénie et de trouble bipolaire (trouble maniaco-dépressif), selon trois nouvelles études publiées dans la revue scientifique britannique Nature.

Ces études, analysant l'ensemble du génome de personnes avec et sans ces maladies, identifient des variantes génétiques impliquées dans les réponses immunitaires et dans le développement du cerveau. Aucune de ces variations n'augmente seule le risque de schizophrénie mais cumulativement, elles jouent un rôle majeur, représentant au moins un tiers, et probablement plus du risque de maladie, selon Shaun Purcell, de l'Université Harvard, codirecteur de l'une des équipes de recherche.
L'an passé, des premières variations génétiques associées à la maladie avaient été identifiées mais elles ne correspondaient qu'à une petite partie du risque de développer la maladie.

Dans l'une de ces études, dirigée par Patrick Sullivan de l'International Schizophrenia Consortium, 30.000 variations génétiques étaient plus fréquentes chez 3300 personnes atteintes de schizophrénie que chez 3600 personnes sans schizophrénie.

La présence de cette combinaison de variations a ensuite été confirmée dans trois groupes différents de personnes atteintes de schizophrénie et deux groupes de personnes atteintes du trouble bipolaire, ce qui suggère un lien entre les deux maladies.

Un résultat significatif de ces recherches est l'identification d'un facteur de risque sur des gènes liés à la réponse de l'organisme aux infections. Cela suggère que l'exposition à certaines infections puisse augmenter le risque de développer une maladie psychiatrique.

Les chercheurs s'attendent à ce que des travaux futurs permettent de comprendre comment ces influences génétiques se combinent pour contribuer à la biologie de la schizophrénie et du trouble bipolaire.

Mais, alors que ces résultats sont célébrés et qualifiés d'avancée historique, ils ne changeront pas la pratique clinique de sitôt. Cette avancée marque, pour plusieurs, une grande déception vis-à-vis du domaine de la recherche sur les causes génétiques des maladies mentales qui requièrent des ressources extraordinairement considérables.

La principale nouvelle de ces trois études, commente par exemple Nicolas Wade dans le New York Times, est que la schizophrénie est causée par un grand nombre de gènes et non pas par quelques gènes qui seraient très influents et sur lesquels il serait possible d'intervenir, ce qui était l'espoir de ce domaine de recherche il y a peu de temps encore.

Mais, maladies après maladies, les recherches montrent que les causes génétiques sont beaucoup plus complexes à aborder que prévu et que les issues utiles sont beaucoup plus lointaines qu'espérées. (Voir aussi : Dépression: influences d'un gène et de l'environnement difficiles à déterminer: la mise en doute du "gène de la dépression", représentant "le" succès de la recherche génétique en santé mentale, ébranle le domaine).

Psychomédia avec sources:
WebMD
Medical news Today
New York Times