Un tribunal de Francfort a appuyé mercredi un recours visant à dessaisir une juge allemande ayant refusé d'accorder le divorce immédiat à une femme d'origine marocaine, âgée de 26 ans et mère de deux enfants, battue par son mari parce que le Coran ne condamnait pas les mauvais traitements entre époux.

La victime avait signalé en mai à la police que son mari, également d'origine marocaine, la battait régulièrement et qu'il avait menacé de la tuer.

Elle avait déposé en octobre une demande de divorce immédiat, estimant qu'il était un danger pour elle, même si le couple était déjà séparé.

La juge saisie du dossier a refusé d’accéder à la demande de l'épouse. Dans une lettre qu'elle lui a envoyé, la magistrate explique que le Coran donne au mari des droits de correction sur sa femme. Elle a en outre expliqué que les époux s’étaient unis sous la loi islamique. Citant des versets du Coran, la juge a donc conseillé à la femme d’attendre le délai légal pour faire sa demande de divorce.

Les différents partis politiques ont exprimé leur indignation devant cette décision. La directrice de la branche allemande de l'organisation Terre des Femmes, Christa Stolle estime "incroyable qu'une juge allemande base ses décisions sur le Coran".

La justice allemande est parfois plus clémente concernant les crimes au sein d'un couple marié, notamment si ce couple est issu d'une culture plus "traditionnelle", explique-t-elle. Mais le système judiciaire rejette majoritairement les traditions culturelles comme circonstances atténuantes dans des crimes.

Selon la correspondante du journal l'Express en Allemagne, Blandine Milcent, "Cela va relancer un fort débat en Allemagne comme ce fut le cas l’an dernier lors de la polémique sur les crimes d’honneur. A l’époque, de nombreuses associations de défense des femmes avaient critiqué le fait que l’on puisse justifier les violences conjugales."

Psychomédia avec sources : L'Express, Le Monde.