Le second Congrès international de "féminisme islamique" s'est achevé dimanche à Barcelone.

Certaines voix se faisaient entendre depuis longtemps sur les campus américains - Amina Wadud, Asma Barlas, Riffat Hassan -, mais elles restaient isolées. Devant l'augmentation des associations et sites féministes, en Malaisie, au Nigeria, au Pakistan, la principale association islamique de Catalogne, a voulu les réunir en congrès pour leur donner une "visibilité".
Pari réussi à Barcelone où un mouvement de libération de la femme musulmane vient de naître. Il rejette l'interprétation exclusivement masculine du Coran, servant de prétexte aux pires pratiques machistes et patriarcales.

Douloureux défilé de militantes venues du Sénégal, du Pakistan, d'Indonésie, d'Iran exprimer la détresse des femmes, codifiée dans la charia (loi islamique) et les codes locaux de la famille : maltraitance, mariage forcé, polygamie, discrimination dans l'accès au divorce et à l'héritage, etc. Codou Bop explique que 12 % seulement des femmes de son pays, le Sénégal (musulman à 95 %), pratiquent la contraception : "Ces femmes passent pour être immorales, alors que toutes les autres sont convaincues que l'islam est contre le contrôle des naissances. Le personnel soignant lui-même, avant de prescrire la pilule, demande l'avis de l'homme."

La religion, qui ne tolère pas de relations sexuelles hors mariage, ajoute son poids de culpabilité. Toutes les batailles en faveur de l'IVG se heurtent à la résistance des oulémas locaux et des chefs de famille. Les avortements clandestins tuent chaque année en Afrique 200 000 femmes.

Indonésienne, Lily Munir dénonce la polygamie qui règne à grande échelle dans son pays. Pour elle, c'est un crime contre l'esprit du Coran. Dans le contexte tribal de l'époque du Prophète, la limitation à quatre du nombre des épouses était un progrès. Aujourd'hui, la polygamie est une régression : "Aucun homme n'est capable de traiter quatre épouses avec la justice égale que réclame le Coran."

A son tour, l'Iranienne Nayereh Tohidi vient déplorer les impasses dans lesquelles se trouvent les luttes féministes dans son pays, freinées par le clan clérical et le gouvernement islamiste au pouvoir, dont la "rhétorique militaire et anti-occidentale" a pour effet de confiner les femmes dans leur marginalité.

Dans des contextes aussi variés, le féminisme musulman n'a pas de stratégie unique. Certaines sont modérées, d'autres plus provocatrices. Asra Nomani, Américaine d'origine indienne, veut lever tous les tabous : droit au libre choix d'un partenaire sexuel et d'un mari, droit aux relations sexuelles en dehors du mariage, droit à l'homosexualité, etc.

PsychoMédia avec source: Le Monde.