Les riches sont plus susceptibles de se comporter de façon non éthique, selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

Le psychologue Paul K. Piff et ses collègues (1) des universités de Californie à Berkeley et de Toronto ont conçu une série d'expérience menées chacune avec 100 à 200 étudiants ou adultes recrutés en ligne.

Dans l'une de ces expériences, les participants de classe économique supérieure étaient plus susceptibles de tricher à un jeu de dés informatisé pour gagner un certificat cadeau. Ils étaient trois fois plus nombreux à rapporter un total plus élevé que 12 alors que le jeu était truqué à leur insu pour que ces résultats soient impossibles.

Dans deux autres expériences, les personnes conduisant des automobiles plus dispendieuses étaient trois fois moins susceptibles de respecter le code de la route envers les piétons.

Dans une expérience consistant en un jeu de rôle, les participants plus riches avaient davantage tendance à cacher à un candidat recherchant un emploi à long terme que le poste offert allait bientôt être coupé.

Quand les participants sont manipulés afin d'augmenter le sentiment d'appartenance à une classe supérieure à la leur, ils commencent à se conduire moins éthiquement, soutiennent les chercheurs.

Dans une expérience, ils devaient se mettre dans la peau du riche Donald Trump ou d'une personne sans abri. Ils étaient ensuite invités à se servir dans un pot de bonbons ostensiblement destiné à un groupe d'enfants se trouvant dans un laboratoire adjacent. Les participants qui s'étaient mis dans la peau de l'homme riche ont pris deux fois plus de bonbons que les autres.

Dans une autre expérience, des participants de classe économique modeste qui avaient eu pour tâche de lister des avantages de la cupidité étaient aussi susceptibles que les participants plus riches de sympathiser avec des comportements tels que mettre à pied des travailleurs tout en augmentant leur bonus ou encore surcharger des clients pour augmenter les profits.

"Nos résultats suggèrent que si la poursuite de l'intérêt personnel n'est pas maîtrisée, il peut en résulter un cercle vicieux: l'intérêt personnel amène les gens à se comporter de façon contraire à l'éthique, ce qui augmente leur statut, ce qui conduit à plus de comportements non-éthiques et d'inégalité."

La théorie est que "le privilège relatif dont jouissent les personnes de classe supérieure donne lieu à une indépendance vis-à-vis les autres et une priorisation de soi-même et de son propre bien-être par rapport à celui des autres, ce que nous appelons la cupidité", explique le chercheur.

Les riches peuvent aussi être moins généreux: dans des études impliquant des jeux d'argent, les riches gardaient plus d'argent pour eux-mêmes et des études américaines montrent que les riches donnent un plus petit pourcentage de leur revenu aux organismes de bienfaisance que les pauvres.

(1) Daniel M. Stancato, Stéphane Côté, Rodolfo Mendoza-Dentona, Dacher Keltner.

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