11% de Français en 2012, comparativement à 9% en 2010, ne disposent d’aucun réseau de sociabilité, selon une enquête de la Fondation de France divulguée dans son rapport annuel sur la solitude. L'enquête a été réalisée par téléphone, selon la méthode des quotas (afin d'être représentative de la population), auprès de 2 200 personnes âgées de 18 ans et plus par l'institut TMO régions. Des entretiens qualitatifs ont ensuite été réalisés par l'Institut Wei afin d'approfondir les raisons et le vécu des situations d'isolement.

L'étude considérait comme étant en situation d’isolement relationnel les personnes qui n’ont pas ou peu de relations sociales au sein des réseaux familial, professionnel, amical, affinitaire et territorial. Le calcul ne prenait pas en compte les relations au sein des ménages, c'est-à-dire celles entre conjoints et avec les enfants vivant au domicile (qui baisserait la proportion de personnes souffrant d'isolement relationnel à 5%).

La solitude, décrit la Fondation, est de ne pouvoir compter sur personne mais aussi de ne plus compter pour personne: "Je n’ai plus rien à dire aux gens parce que ce que je pense ça n’intéresse plus personne. J’ai compris que ce que je pouvais penser ou même ce que je pouvais faire personne n’en a rien à faire... " ou bien encore "Que l’on soit là ou pas ne change rien pour personne". La solitude résulte d'un processus de dégradation : déclenchement, effet en cascade (cercle vicieux, amplification) et accumulation.

On est seul de plus en plus jeune, indique l'enquête : la proportion des 30-39 ans est de plus en plus importante, passant en 2 ans de 3 % à 9%. L’âge moyen des personnes isolées passe de 59 ans à 54 ans. Le travail favoriserait de moins en moins l’insertion sociale: 27% des Français en emploi (contre 20% en 2010) disent ne pas être en mesure de construire des relations autres que professionnelles avec leurs collègues. Les travailleurs pauvres et les travailleurs indépendants sont les plus exposés au risque d'isolement.

13% des Français éprouvent un sentiment d’abandon, d’exclusion ou d’inutilité. Les raisons d’isolement sont une rupture familiale (31%), amicale (13%), professionnelle (10%) ainsi que des problèmes de santé ou de logement.

La Fondation de France soutient, pour 5 millions d’euros annuellement, plus de 500 actions d'associations et des personnes œuvrant auprès des personnes isolées. Elle agit selon deux principes :

  • aider les personnes à retrouver leur utilité et leur place parmi les autres, redonner confiance (penser que l’on a en soi des ressources permettant de surmonter une épreuve), dignité et estime de soi (sentiment de pouvoir apporter quelque chose aux autres). Les personnes aidées ne doivent pas être considérées comme des bénéficiaires, mais être pleinement associées à un projet.
  • soutenir des actions qui s’inscrivent dans le temps et la proximité : la solitude est un mal de tous les jours qu’aucune initiative ponctuelle ne peut enrayer. Le lien social, souligne la fondation, "est fait d’habitudes, il ne relève pas de moments exceptionnels. Agir contre la solitude, c’est renouer des liens faits de proximité et de routine."

Des initiatives novatrices qui créent les conditions nécessaires à la reconstruction du lien social sont par exemples: services d’accueil et d’activités itinérants pour les personnes âgées en milieu rural, habitat coopératif destiné à des seniors qui veulent éviter la maison de retraite, entraide entre propriétaires en grande difficulté pour qu’ils mutualisent leurs savoir-faire dans l’auto-réhabilitation de leur habitat, habitat intergénérationnel où personnes âgées et étudiants cohabitent.

Lire le rapport de la Fondation de France: Les Solitudes en France.

Psychomédia avec sources: Fondation de France, Le Monde. Tous droits réservés.