L'Exposition Universelle 2015, qui a ouvert ses portes à Milan le 1er mai, a pour thème "Nourrir la planète, énergie pour la vie".

Le défi de nourrir la planète est d’autant plus grand, souligne la journaliste Laetitia Van Eeckhout dans Le Monde, que le changement climatique accroît la vulnérabilité de l’agriculture.

Selon le Programme des Nations unies pour le développement, d’ici à 2080, ce sont 600 millions de personnes supplémentaires chaque année (s'ajoutant aux 805 millions actuels) qui pourraient souffrir d’insécurité alimentaire sous l’effet du changement climatique.

Deux visions de l’agriculture s’affrontent pour nourrir la planète, rapporte la journaliste.

La première, détenue par des grands ONGs, des scientifiques et institutions internationales, défend la nécessité d’une transition vers un modèle agricole s’appuyant sur la polyculture, la rotation des cultures et l'utilisation maximale des processus écologiques pour lutter contre les espèces invasives, fertiliser et stimuler la vie des sols.

A l’opposé, les grands producteurs et agrochimistes soutiennent que la sécurité alimentaire passe par l'augmentation de la production agricole et défendent une intensification des monocultures par l’utilisation de plantes génétiquement modifiées (OGM).

La société civile du Sud – ONG et organisations de producteurs – s’alarme des « fausses solutions ». « Il faut investir dans l’agriculture familiale, pas dans l’agrobusiness », insiste Ali Abdou Bonguere, coordinateur de l’ONG nigérienne Energie et environnement pour le développement rural. « L’agrobusiness se traduit dans les pays du Sud par le développement de grandes monocultures et l’accaparement de terre par des investisseurs internationaux au détriment des petits agriculteurs. »

« Là où l’agriculture est à petite échelle, l’agro-écologie peut être particulièrement performante, explique Bruno Dorin, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). « Il s’agit en effet de trouver les combinaisons d’espèces végétales et animales qui tirent au mieux parti des écosystèmes locaux, maximisent la photosynthèse, améliorent la qualité des sols et des eaux. Ce mode de culture écologique, qui peut être au moins aussi productive que l’agriculture industrielle, est beaucoup plus résilient aux chocs climatiques mais aussi économiques, car il dépend à un bien moindre degré de ressources non renouvelables et coûteuses comme les engrais de synthèse fabriqués à base d’énergie fossile. »

La société civile du Sud demande que la convention qui sera adoptée en décembre à Paris lors de la Conférence mondiale sur le climat reconnaisse « explicitement » l’effet du changement climatique sur la faim dans le monde et s’engage sur des mesures d’adaptation et d’atténuation efficaces.

A Genève, lors de la session préparatoire de la conférence en février, l’expression « sécurité alimentaire » est apparue pour la toute première fois dans le texte en préparation. Mais rien ne dit qu’il figurera dans l’accord final. Les ONG sont sur leurs gardes, d’autant qu’il serait envisagé de retenir le concept d’« agriculture climato-intelligente ».

Promu par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture en 2009, ce concept est très controversé et suscite de vives critiques de la part des grandes ONG internationales. « Avec ce concept, on se garde bien de faire un vrai choix sur un modèle agricole. Le périmètre des actions promues intègre des pratiques largement contestées comme l’utilisation d’OGM ou encore l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques », observe Peggy Pascal de l'ONG Action contre la faim.

Lire l'article du Monde : Nourrir la planète, le défi de l’Exposition.

Illustration : Source : Exposition 2015, Nourrir la Planète, Energie pour la Vie.

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