Il y a eu six suicides à Chinon dans les trois dernières années. Les circonstances de l'un d'eux ont été examinées lundi par le tribunal des affaires de sécurité sociale de Tours, qui a mis sa décision en délibéré au 14 mai. EDF (Électricité de France) conteste la décision du comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles de reconnaître ce décès comme un accident du travail, alors qu'il ne s'était pas produit sur le lieu même du travail.
Le 21 août 2004, Dominique Peutevynck, âgé de 49 ans, s'était jeté sous un train près du centre nucléaire de production d'électricité de Chinon (Indre-et-Loire), où il travaillait comme technicien supérieur.

Me Philippe Toison, avocat d'EDF, considère qu'il existe un certain nombre de facteurs personnels qui peuvent expliquer ce geste, des éléments liés à sa vie personnelle".

Il évoque deux périodes de dépression dûes à deux séparations, un traitement antidépresseur et des problèmes médicaux.

L'avocat de la famille de M. Peutevynck, Me Philippe Baron, argumente que "Dès 2001, un médecin du travail de la centrale avait attiré l'attention d'EDF sur la dégradation des conditions de travail dans le service du technicien". Selon lui, Dominique Peutevynck en parlait régulièrement à son médecin. "Le docteur a fait plusieurs rapports à la direction, laquelle n'a pas eu de réaction. Pour lui, il existe un lien essentiel entre le travail de la victime et sa décision".

"EDF aurait pu empêcher le geste de mon père, vu toutes les alertes que la direction a reçues", expliquait le fils de Dominique Peutevynck, Jérôme, à la sortie de l'audience. "Il faut que ce procès serve pour le bien de la collectivité, et les gens dans la souffrance au travail".

La CGT (Centrale générale du travail) évoque la «surcharge de travail» affectant certains employés du site nucléaire. Le syndicat précise qu’il ne préjuge pas «du lien pouvant exister entre le travail et ces actes désespérés», tout en se disant «très inquiet d’une situation qui montre les signes d’une forte dégradation et qui pourrait aussi avoir un impact sur les conditions nécessaires au maintien du niveau de sûreté nucléaire».

Cette affaire fait également écho aux trois suicides survenus en quatre mois au Technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines). Le dernier à poser ce geste, un technicien de 38 ans, a laissé une lettre dans laquelle il mentionne un travail «trop dur à supporter». Alors que trois semaines auparavant, la mort d'un autre employé avait amené les salariés à manifester pour dénoncer les pressions dont ils se disent victimes.

Dans une étude canadienne, les hommes et les femmes qui considéraient que la plupart de leurs journées étaient assez ou extrêmement stressantes étaient plus de trois fois plus susceptibles d'avoir vécu un épisode dépressif majeur comparativement à ceux déclarant de faibles niveaux de stress général. La psychothérapie peut aider dans ces situations difficiles à prendre un recul et trouver des solutions.

Sources:
nouvelobs.com
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Solidarité ouvrière

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