À partir du 3 septembre, les pharmaciens pourront offrir de nouveaux services tels que renouveler les ordonnances, prescrire certains médicaments et ajuster certains dosages. Mais, alors que ces actes sont gratuits chez le médecin, il en irait autrement chez le pharmacien, selon la position actuelle du gouvernement, alerte l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP). Il semble que les Québécois, certains plus que d'autres, devront payer de leur poche.

Selon l'AQPP, qui jusqu’à tout récemment croyait que Québec avait accepté le principe d’une couverture universelle, le gouvernement Marois a changé de position au fil des mois et reculé dans ce dossier.

L’AQPP négocie actuellement avec Québec le tarif qui leur sera consenti pour ces actes, mais seulement pour les 3,3 millions d'assurés du régime public d’assurance médicaments et seulement pour une partie des nouveaux services.

Pour ce qui est des 4,6 millions de personnes dont l'assurance médicament est privée, le ministre de la Santé aurait annoncé pour la première fois lundi que "les pharmaciens devront négocier avec les assureurs privés". Or, les assureurs privés croyaient aussi que les nouveaux services seraient couverts, comme les actes des médecins par la RAMQ (Régie de l'assurance maladie)", a indiqué Yves Millette, vice-président aux affaires québécoises à l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes, rapporte Le Devoir. "Cette information arrive comme un cheveu sur la soupe sans qu’on nous ait jamais avertis !", déplore-t-il.

Les assureurs jugent que le temps manque pour modifier les milliers de contrats d’assurance des Québécois d’ici trois semaines et ne s'estiment pas en position de négocier avec les pharmaciens en raison de la loi sur la concurrence. "Les assurés des régimes privés d’assurance médicaments devront probablement payer de leur poche", rapporte Le Devoir.

Pour ce qui est des assurés du régime public, ils devront probablement aussi payer certains des nouveaux services, en tout ou en partie. D'abord parce que, contrairement à l'assurance-maladie (carte soleil), l’assurance médicaments entraîne des coûts pour la plupart des patients, sous la forme d’une franchise et d’une coassurance.

Ensuite parce que, selon un document de négociation déposé par le ministère de la santé lundi et obtenu par Le Devoir, seuls trois des nouveaux actes seraient assurés : soit la prescription d’un médicament pour une affection mineure, la prescription d’un médicament lorsqu’aucun diagnostic n’est requis et le suivi et l’ajustement du traitement pour certaines maladies comme le diabète ou les troubles de la coagulation.

Le ministre estime que seuls ces trois actes constituent une charge supplémentaire pour les pharmaciens et justifient une augmentation de la rémunération. Les autres services tels que le prolongement et l’ajustement d'une ordonnance, l’administration d'un médicament à des fins de démonstration ou la prescription et l'interprétation des analyses de laboratoire, ne seraient pas payé par l'assurance médicament. L’AQPP juge que ces actes valent de 15 à 30 $.

Malgré ces coûts éventuels pour les consommateurs, l’AQPP estime que les nouveaux services seront populaires car de 20 à 30% des Québécois n’ont pas de médecin de famille.

L'association dénonce une privatisation de certains actes médicaux.

Psychomédia avec sources: Le Devoir, Ministère de la Santé. Tous droits réservés