La nicotine seule ne suffit pas à déclencher l'état de dépendance chez les fumeurs, selon les travaux récents de chercheurs français publiés dans le Journal of Neuroscience. Cette découverte explique, disent-ils, pourquoi les substituts à la nicotine utilisés dans le sevrage tabagique sont inefficaces à long terme.

Une équipe de recherche du CNRS et du collège de France, dirigée par Jean Pol Tassin de l'Inserm, a montré que pour être addictive, la nicotine doit être associée à certains composants du tabac, les inhibiteurs de monoamine oxydases (IMAO).

Les IMAO annulent l'action d'une protection naturelle que possèdent les neurones sérotoninergiques (cellules nerveuses fonctionnant avec la sérotonine) vis-à-vis de la nicotine. Chez les personnes qui tentent d'arrêter de fumer, les chewing-gums et les patchs sont efficaces au début du traitement, tant que les effets des IMAO persistent. Mais au bout de quelques semaines de sevrage, l'absence de tabac (et donc d'IMAO) permet le retour de la protection naturelle et la nicotine seule ne suffit plus comme produit de substitution.

Pour Jean Pol Tassin, ces travaux remettent en question l'efficacité des produits actuels de substitution du tabac et permettent de comprendre pourquoi, dans plus de 80% des cas, les utilisateurs de patchs et de chewing-gums à la nicotine recommencent à fumer après seulement quelques semaines.

"Une nouvelle composition alliant nicotine et des produits bloquant la protection naturelle due aux récepteurs 5-HT1A serait efficace comme substitut au tabac", considèrent-ils.

Psychomédia avec source: CNRS