La dépendance à l'alcool (alcoolisme) peut-elle être traitée avec des médicaments? Le site de l'Institut national français de la santé et de la recherche médicale (INSERM) présente les réponses du Pr Aubin (Unité Inserm 669/Groupe hospitalier Emile Roux) lors d'une rencontre débat "Alcool et recherche" organisée par la Mission Alcool Addiction de l’Institut Santé publique (Aviesan), la Mission Inserm Associations et les 6 mouvements d’entraide aux personnes en difficulté avec l’alcool (8 déc. 2010, Paris).

"Le traitement de la dépendance alcoolique n’est pas obligatoirement médicamenteux mais quand il est prescrit, il doit être associé à des changements environnementaux et sociaux. Les médicaments disponibles sont peu nombreux et d’une efficacité peu satisfaisante."

Les médicaments commercialisés en France:

  • Esperal (disulfirame) : "agit sur le principe de dissuasion. La consommation d’alcool provoque des réactions désagréables. Les avis sont contrastés sur ce produit même si les études montrent un taux de succès de 56 % (contre 39 % chez les témoins sous placebo)".
  • Aotal (acamprosate) : "n’est efficace que dans la recherche d’abstinence (à 12 mois, succès 27 % contre 13 % sous placebo)".
  • ReVia (naltrexone) : "n’est pas efficace pour la recherche d’abstinence mais est intéressant pour éviter les dérapages vers des consommations à risque (> 3 verres)".

Médicaments en cours d’études cliniques:

  • Naltrexone longue durée (Vivitrol) : "administration par injection mensuelle; ne sera pas commercialisé en France".
  • Nalmefene (Selincro): "vise les personnes dépendantes qui ne souhaitent pas être abstinentes".
  • Topiramate (Epitomax) : "est un anti-épileptique à l’étude pour évaluer son intérêt dans la réduction de la consommation".
  • Ondansetron (Zophren) : "vise l’alcoolo-dépendance à début précoce avant l’âge de 25 ans".

Recherche sur le Baclofène :

Le "Baclofène (lioresal) a été mis sur le marché en 1974 pour traiter les contractures musculaires d’origine neurologique à des doses de 30-75 mg/j. Dans l’alcoolisme, des études récentes montrent des résultats contrastés et une toxicité importante à forte dose. Parmi ces études, celle de O. Ameisen qui a publié son expérience personnelle de rémission de son envie de boire grâce à la prise quotidienne d’une dose massive de cette molécule (> 200 mg). Ce livre a mis celle-ci sur la sellette et a suscité des espoirs sans une base scientifique solide."

Un essai clinique, coordonné par le Pr Michel Detilleux est en projet en France. Il comparera l’efficacité du baclofène à la posologie de 90 mg/j à un placebo dans l’aide au maintien de l’abstinence de personnes alcoolo-dépendantes sevrées bénéficiant par ailleurs d’une prise en charge psycho-sociale.

Psychomédia avec source:
Inserm
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