Une récente étude, publiée dans la revue Neuropsychopharmacology, suggère qu'il y aurait, chez les femmes souffrant d'anorexie, une différence dans une partie spécifique du cerveau, l'insula, qui est importante pour reconnaître et apprécier le goût.

Cette étude menée avec des femmes s'étant rétablies de l'anorexie suggère également qu'il pourrait y avoir des différences dans la façon de traiter l'information reliée à la conscience de soi.

Dr. Angela Wagner de l' Université de Pittsburgh et Dr. Walter H. Kaye de l'Université de Californie ont mesuré l'activité de certaines parties du cerveau chez 32 femmes, dont 16 ayant souffert d'anorexie et s'étant rétablies, en réaction à un goût plaisant et à un goût neutre.

Les femmes qui avaient souffert d'anorexie avaient une réponse réduite dans l'insula et d'autres régions du cerveau qui y sont reliées comparativement au groupe de comparaison.

Ces régions interviennent dans la reconnaissance et l'évaluation du goût (est-il plaisant?). Chez les personnes du groupe de comparaison, il y avait un lien important entre la façon dont elles jugeaient le goût (plaisant ou pas) et l'activité de l'insula. Ce lien n'était pas observé chez celles qui avaient été anorexiques.

Selon Dr. Kaye, il est possible que les personnes anorexiques aient de la difficulté à reconnaître le goût ou à obtenir le plaisir normalement associé à la nourriture.

Parce que l'insula contribue également à la régulation des émotions, il se peut que la nourriture soit aversive pour les personnes anorexiques plutôt que plaisante ("rewarding", activant le système dit "de récompense" du cerveau). Cela pourrait expliquer pourquoi elles évitent les aliments "plaisants", ne réussissent pas à répondre de façon appropriée à la faim et sont capables de perdre autant de poids.

"L'insula et les régions du cerveau qui y sont connectées sont considérées comme jouant un rôle important pour la perception de l'information intéroceptive (perception des sensations des organes internes) qui détermine comment une personne sent la condition physiologique du corps entier", dit Dr. Kaye.

Cette perception a longtemps été considérée comme importante pour la conscience de soi parce qu'elle contribue au lien entre pensée, humeur et état corporel.

Ce manque de conscience intéroceptive pourrait contribuer à d'autres symptômes de l'anorexie tels de l'image du corps déformée, le manque de reconnaissance des symptômes de dénutrition et la motivation réduite à changer, selon Dr. Kaye.

Pour en savoir plus sur le rôle de l'insula:
Une zone du cerveau contrôle l'addiction à la nicotine

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