« Les étudiants qui aiment ce qu'ils font s'engagent davantage dans leurs études et cela se reflète sur leur niveau de bien-être et sur leur qualité de vie », selon Lise Dubé, professeure au département de psychologie de l'Université de Montréal. « Ceux qui ont dans leur mire uniquement un bon salaire ou une carrière prestigieuse ne sont pas les plus engagés ni les plus heureux. Il faut plus que le sens du devoir ; il faut le désir de se surpasser. »
Dans ses travaux de doctorat, dirigés par la professeure Lise Dubé, Anne Brault-Labbé a étudié le lien entre engagement et bien-être chez les étudiants.

Les deux chercheuses ont choisi un modèle à trois dimensions qui définit l'engagement comme étant « constitué de la force affective (l'enthousiasme à l'égard de ses études), la force comportementale (persévérance en dépit des obstacles) et la force cognitive (capacité de réconcilier les aspects négatifs et positifs inhérents à son engagement). »

Il en ressort que c'est la persévérance malgré les obstacles qui est le facteur le plus fortement lié au bien-être des étudiants. « Au début des études universitaires, il est normal de déchanter ; rien n'est un jardin de roses, indique la professeure. Mais les données montrent que ceux qui s'accrochent aux aspects motivants en se rappelant ce qu'ils aiment dans la discipline choisie sont plus heureux. Devant les difficultés, il faut donc miser sur ce qu'on aime au lieu de changer de discipline et risquer de voir le même scénario se répéter. Mais cela est difficile si l'on n'éprouve pas d'enthousiasme dans ce qu'on fait. Le vrai test de l'engagement est donc l'attitude quant aux obstacles. »

Anne Brault-Labbé a fait passer une batterie de tests à 266 étudiants afin de mesurer 20 variables dont les motifs qui les ont conduits à l'université, le sens donné à la vie, la satisfaction, le bonheur, les émotions positives et négatives, le niveau de bien-être et l'état de santé, le tout associé à l'engagement scolaire.

Ceux qui sont motivés par la passion sont plus engagés et ils tirent de leur engagement plus de satisfaction et de bonheur. L'engagement est aussi inversement associé aux émotions négatives telles la peur, la tristesse, l'anxiété ou l'irritation.

Les motivations les plus fortement liées à l'engagement sont la recherche de la connaissance pour elle-même, la recherche de stimulations intellectuelles et le désir de se dépasser.

Les interrelations observées dans cette étude valent tout autant pour l'engagement au travail que pour l'engagement amoureux, selon la professeure.

Cette partie des recherches doctorales d'Anne Brault-Labbé, aujourd'hui professeure à l'Université de Sherbrooke, a été publiée dans la Revue canadienne des sciences du comportement.

Mentionnons que l'engagement constitue l'une des trois composantes du bonheur selon le modèle du psychologue Martin Seligman. Le concept se rapproche de celui d'expérience optimale introduit par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi.

Psychomédia avec source : Université de Montréal.
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