Il n'est pas nécessaire d'être conscient d'une perception pour qu'elle affecte l'humeur et les émotions, selon une récente recherche parue dans la revue Psychological Science. Les émotions peuvent ainsi être évoquées et manipulées inconsciemment.

La recherche était basée sur l'hypothèse que le processus de sélection naturelle ayant assuré

la survie de l'espèce humaine devrait avoir favorisé la capacité de détecter des informations suscitant des émotions de façon automatique, c'est-à-dire sans l'analyse consciente, ce qui favoriserait des réflexes plus rapides en situation de danger.

Les psychologues Kirsten Ruys et Diedrick Stapel de l'Université Tillburg aux Pays-Bas ont soumis des participants à des perceptions inconscientes (ou subconscientes) afin de vérifier si celles-ci pouvaient provoquer des émotions.

Les participants étaient séparés en trois groupes et devaient indiquer, au moyen de boutons, si des flashes de très courtes durées apparaissaient à droite ou à gauche d'un écran d'ordinateur.

En réalité, les flashes étaient des images subliminales (apparaissant trop rapidement pour être perçues consciemment) sélectionnées pour provoquer la peur, le dégoût ou aucune émotion.

Les résultats confirment très fortement les hypothèses des chercheurs. Les participants ayant vu les images suscitant le dégoût utilisaient davantage des mots évoquant le dégoût dans un test de cognition et pour décrire leurs sentiments et, dans un choix de tests offerts, ils choisissaient celui portant sur les films de peur plutôt celui sur les aliments bizarres. Il en était de même pour les participants ayant été soumis à des images suscitant la peur qui ont préféré le test sur les aliments bizarres et qui utilisaient un vocabulaire lié à la peur.

Plus une image subliminale était présentée longtemps, plus elle affectait les émotions, ce qui suggère des niveaux de traitement de l'information en dehors de la conscience.

Les participants qui avaient vu les images pendant 120 ms présentaient une humeur générale négative accompagnée d'une émotion spécifique telle que la peur.

Alors que ceux qui avaient vu les images plus brièvement, 40 ms, présentaient une humeur générale négative mais pas d'émotions spécifiques.

Les chercheurs font l'hypothèse que lorsque l'émotion spécifique est présente, les gens deviennent conscients de leur émotion en percevant leurs propres actions et les réactions de leur organisme; et lorsque leurs émotions sont faibles, ils ne remarquent pas leurs actions et leurs réactions.