Une étude, publiée dans la revue Nature, réfute l'idée que la testostérone causerait des comportements agressifs, égocentriques et risqués. Une idée que semblait confirmer des études montrant que la castration chez les rongeurs (qui empêche les testicules de produire l'hormone sexuelle) amène une réduction des comportements agressifs, risqués et égocentriques. L'inférence, à partir de ces expériences, que la testostérone produit les mêmes effets chez l'humain s'avère fausse selon les auteurs (1).

Ils ont mené cette étude avec 120 participants qui devaient se partager de l'argent réel. Les règles permettaient des offres justes ou injustes. Le partenaire qui négociait pouvait accepter ou décliner l'offre. Si aucun accord n'était atteint, aucun des partenaires ne gagnait d'argent. Avant le jeu, les participants recevaient une dose de 0,5 mg de testostérone ou un placebo (produit inactif).
Les participants qui avaient ainsi un niveau de testostérone artificiellement augmenté faisaient généralement de meilleures offres, plus justes, que ceux ayant reçu le placebo. Ils réduisaient ainsi le risque de voir leur offre rejetée.

"L'idée préconçue que la testostérone provoque un comportement agressif et égoïste chez les humains est donc clairement réfutée", résume Eisenegger.

Ces résultats suggèrent plutôt que l'hormone augmente la sensibilité au statut, interprètent les auteurs. Pour les espèces animales avec des systèmes sociaux simples, une conscience accrue du statut peut s'exprimer par l'agressivité, considèrent-ils. "Dans l'environnement humain complexe, le comportement prosocial assure le statut", conjecture Naef. "L'interaction entre la testostérone et l'environnement social différencié chez les humains, et non pas la testostérone elle-même, provoque probablement un comportement juste ou agressif."

Par ailleurs, l'étude montrait que la conception selon laquelle la testostérone cause l'agression est apparemment profondément ancrée: les participants qui croyaient avoir reçu la testostérone mais avaient reçu le placebo se distinguaient par des offres manifestement inéquitables.

(1) Christoph Eisenegger, chercheur en neuroscience, et Ernst Fehr, économiste, tous deux de l'Université de Zurich ainsi que Michael Naef, économiste au Royal Holloway (Londres).

Psychomédia avec source:
Science Daily