Une attitude de compassion envers soi-même aiderait à atteindre des objectifs de perte de poids, selon une étude américaine publiée en 2007 dans le Journal of Social and Clinical Psychology et rapportée il y a quelques jours par le New York Times dans un article portant sur le courant de recherche, relativement nouveau, sur la compassion envers soi-même en psychologie.

La compassion envers soi est définie, selon le modèle proposé par Kristin Neff (2003) de l'Université du Texas à Austin et adopté par plusieurs chercheurs, comme constituée de 3 composantes: la bienveillance envers soi-même, la reconnaissance de son humanité et la pleine conscience (qui consiste à porter attention à ses expériences intérieures sans porter de jugement de valeur).

Alors que plusieurs craindraient, selon des études précédentes de Kristin Neff, que la compassion envers soi-même n'entraîne une trop grande indulgence envers soi-même, les personnes qui ne sont pas trop critiques et négatives envers elles-mêmes seraient plutôt plus facilement disposées à faire ce qui est bon pour elles et leur santé.

Claire E. Adam de l'Université d'État de la Louisiane et Mark R. Leary de l'Université Duke ont mené cette étude avec 84 étudiantes à qui ils ont proposé de participer à ce qui était présenté comme une étude de dégustation. Au début de l'étude, les participantes se faisaient demander de goûter des beignes.

Une partie d'entre elles étaient encouragées à adopter une attitude de compassion envers soi-même par l'expérimentateur: "J'espère que vous ne serez pas trop dures envers vous-mêmes. Tout le monde dans l'étude mangent de ces beignes, alors je ne pense pas qu'il y ait quelque raison de vous sentir mal à ce sujet".

Les participantes se faisaient ensuite demander de tester des bonbons à partir d'un large bol. Celles qui suivaient régulièrement des régimes ou avaient l'habitude d'éprouver de la culpabilité par rapport aux aliments défendus et qui avaient été encouragées à ne pas s'en faire ont mangé moins de bonbons que celles qui n'avaient pas eu cet encouragement.

L'hypothèse est que celles qui se sentaient mal concernant leur consommation de beignes se sont retrouvées à manger plus pour une raison émotionnelle. Celles qui se sont données la permission de profiter des sucreries n'ont pas mangé excessivement. Même une intervention minime encourageant la bienveillance envers soi-même serait ainsi efficace pour favoriser un meilleur contrôle de l'alimentation, concluent les chercheurs.

L'auto-compassion est l'ingrédient manquant dans tous les régimes et programmes de perte de poids", selon Jean Fain de l'Université Harvard qui vient de publier “The Self-Compassion Diet” (Les éditions Sounds True). «La plupart des programmes tournent autour de l'auto-discipline, la privation et la négligence", dit-elle.

Psychomédia avec sources: Journal of Social and Clinical Psychology, New York Times.
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