La Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) estime que l'intérêt thérapeutique des quatre médicaments disponibles à l’heure actuelle pour le traitement de la maladie d’Alzheimer est faible. Un déremboursement de 65% à 15% est ainsi attendu pour les personnes qui ne sont pas en affection longue durée.

La HAS avait récemment retiré sa recommandation précédente en raison des conflits d'intérêts qui l'entachait. Depuis plusieurs années, des experts indépendants dénoncent le manque d'efficacité de ces médicaments.

Pour ces 4 médicaments, Ebixa (mémantine), Aricept (donépézil), Exelon (rivastigmine) et Reminyl (galantamine), le rapport entre l’efficacité et les effets indésirables est jugé faible par la HAS en raison :

  • d'une efficacité modeste comparativement à un placebo (produit inactif) principalement établie sur la cognition à court terme et dont la pertinence clinique reste discutable;
  • de risques d’effets secondaires indésirables: troubles digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques notamment;
  • d'un risque accru d’interactions médicamenteuses du fait de la polymédication chez les personnes âgées.

Concernant les interactions médicamenteuses, mentionnons au passage que trois de ces médicaments (Aricept, Reminyl et Exelon) sont des anticholinestérasiques. Une étude publiée ce mois-ci dans le Journal of the American Geriatrics Society (1) montre que 37% des personnes qui prennent ces médicaments se font prescrire en même temps des médicaments qui ont une action contraire (une action anticholinergique), ce qui est comparable, commentent les chercheurs, à peser à la fois sur le frein et sur l'accélérateur. Les médicaments qui ont une action anticholinergique incluent plusieurs classes qui traitent plusieurs conditions de santé. (Voir lien plus bas)

La HAS recommande de limiter la prescription de ces médicaments à un an avec une réévaluation après six mois. Au-delà d’un an, il est recommandé que le renouvellement soit décidé en réunion pluridisciplinaire incluant le patient (si son état le permet), son aidant, le médecin traitant, le gériatre et le neurologue ou le psychiatre.

  • En février dernier, deux syndicats de médecins généralistes, MG France et Union généraliste, dénonçaient le remboursement par la Sécurité sociale de ces médicaments jugés inefficaces, voire dangereux.

  • De son côté, la revue Prescrire écrivait en 2008: "Le donépézil a un effet modeste et transitoire (quelques mois) chez environ 10 % des patients. L'efficacité des 3 autres médicaments n'est pas meilleure. À long terme, un essai comparatif randomisé d'une durée de 3 ans a montré que le donépézil ne retardait ni l'entrée en institution ni la perte d'autonomie chez les malades atteints d'une forme légère à modérée de la maladie d'Alzheimer." Lire l'article de Prescrire (qui expose notamment les effets secondaires indésirables de ces médicaments).

(1) Menée par Denise Boudreau et ses collègues du Group Health Research Institute à Seattle.