À l'occasion de la Journée mondiale de la maladie de Parkinson, qui se tient le 11 avril, le professeur David Devos de l'Université de Lille décrit, sur le site The Conversation France, les travaux de son équipe portant sur la limitation de l’accumulation de fer pour freiner la maladie.

« Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement susceptible de réduire la progression de la maladie », rappelle-t-il.

« Toutefois, depuis quelques années, des résultats de recherche suggèrent que les molécules capables de capturer le fer pourraient constituer des candidats thérapeutiques valables. »

La maladie de Parkinson est causée par la mort ou dégénérescence de neurones de la « substance noire » du cerveau qui produisent le neurotransmetteur dopamine.

La dopamine, explique le chercheur, est particulièrement importante « pour le fonctionnement des noyaux gris centraux du cerveau auxquels est connectée la substance noire. Ces zones contrôlent l’automaticité, sur le plan moteur (marche, déglutition, clignement des paupières…), ainsi que sur le plan intellectuel et émotionnel (raisonnement préappris, réponse émotionnelle automatique dans une situation drôle ou triste par exemple).

La maladie de Parkinson se manifeste donc non seulement par des symptômes moteurs (lenteur, raideur, tremblement et perte des automatismes moteurs de la marche et de l’équilibre) mais aussi par des symptômes cognitifs : troubles de l’attention, de la mémoire immédiate, anxiété, dépression, perte de la motivation…

Au début du vingtième siècle, les scientifiques ont décrit trois grandes caractéristiques du cerveau des patients atteints par maladie de Parkinson :

  • la dégénérescence des neurones dopaminergiques (producteurs de dopamine), se traduisant par une diminution ou une carence en dopamine ;

  • la présence de corps de Lewy (des dépôts constitués par une protéine anormalement agrégée, l’alpha-synucléine, impliquée normalement dans la libération de la dopamine) ;

  • l’existence d’une accumulation de fer au niveau de la substance noire.

La substance noire est naturellement riche en fer, car le fer est nécessaire à la fabrication de la dopamine. De plus, cette zone est très active, et requiert une grande quantité d’énergie. Or le fer intervient dans la production d’énergie par l’organisme, en permettant l’utilisation de l’oxygène. »

En cas de déficit en fer, le transport d’oxygène peut devenir déficient, aboutissant à une moindre production d’énergie : c’est l’anémie.

L'excès de fer est également problématique. Un surplus de fer peut favoriser le stress oxydant, ce qui s’accompagne d’une destruction des structures des cellules…

Il a été montré dans des modèles animaux de la maladie de Parkinson que les composés capturant le fer (on dit qu’ils « chélatent » le fer), ou les traitements susceptibles de réduire l’excès de fer protègent les neurones dopaminergiques. Cependant, ces traitements sont conçus pour les patients qui ont une surcharge massive en fer dans l’ensemble de leur organisme. Alors que dans la maladie de Parkinson, la surcharge en fer très localisée.

Pour remédier à ce problème, David Devos et ses collègues ont « développé un nouveau concept thérapeutique de chélation conservatrice du fer basé sur une molécule prototype, la défériprone. Administrée oralement, celle-ci est capable d’attraper le fer en excès dans la substance noire uniquement (trois molécules de défériprone se lient à une molécule de fer), puis de le rendre aux transporteurs naturels du fer (la protéine apotransferrine). Ces derniers vont le redistribuer dans le corps, évitant l’anémie. »

Une première étude pilote basée sur cette approche a été menée au CHU de Lille avec 40 patients atteints par la maladie de Parkinson à un stade précoce.

« Les résultats montrent que leur taux de fer, mesuré par imagerie cérébrale, a diminué, tout comme le stress oxydant cérébral et sanguin. Par ailleurs, une légère amélioration clinique des symptômes moteurs a été constatée. Les patients n’ont en outre subi aucune anémie, même après deux ans de traitement. De plus, un ralentissement de la progression de la maladie a été noté. Une autre étude, londonienne cette fois, a rapporté les mêmes résultats cliniques encourageants.

Ces résultats prometteurs ont conduit à la mise en place d’un large essai clinique européen. Mené sur 24 centres cliniques répartis dans 8 pays (France, Allemagne, Espagne, Angleterre, Pays-Bas, Portugal, République tchèque, Autriche), il implique 368 patients. Son objectif est d’évaluer si la défériprone peut ralentir la progression de la maladie chez les patients parkinsoniens au moment du diagnostic.

Cette stratégie thérapeutique est également en cours d’essai thérapeutique dans le cadre de la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot) en France et la maladie d’Alzheimer en Australie car dans ces pathologies une mauvaise distribution du fer a également été constatée, conduisant à des zones où le fer s’accumule. »

« Nous espérons à présent démontrer que la chélation du fer grâce à la déféripone peut constituer une première stratégie de neuroprotection », conclut le chercheur. « Pour la rendre encore plus efficace, il faudrait l’associer à d’autres stratégies thérapeutiques (...). »

Article complet sur The Conversation France: Parkinson : limiter l’accumulation de fer pour freiner la maladie.

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