Alors que les firmes et le ministère de la Santé "persistent à vouloir légitimer" la visite des représentants pharmaceutiques auprès des médecins, dite "visite médicale", "sous couvert d'une Charte de bonne conduite", l'influcence néfaste de ces visites sur la qualité et le coût des prescriptions de médicaments est établie depuis longtemps par des études réalisées dans le monde entier, indique la revue Prescrire.

Par exemple, dans une étude réalisée en Bretagne en 2009-2010, menée avec 179 médecins, ceux qui recevaient le plus de visiteurs médicaux "prescrivaient davantage de sartans (1), de glitazones (2), de gliptines (3) et certains antibiotiques tels que la moxifloxacine (Izilox), la lévofloxacine (Tavanic ou autre) et la télithromycine (Ketek)."

"Autant de substances dont les visiteurs médicaux font la promotion au détriment de substances mieux évaluées, moins dangereuses, ou moins chères."

Ils avaient aussi "un temps de consultation plus court et davantage de consultations quotidiennes. Ils étaient installés depuis plus longtemps, lisaient davantage de presse médicale gratuite et moins de presse médicale payante."

"Cette étude a également montré une corrélation statistiquement significative entre le nombre de visiteurs médicaux reçus par les médecins, et le nombre et le coût de leurs prescriptions."

Les médecins devraient refuser la visite médicale, estime Prescrire. Ils devraient aussi, évidemment, refuser les cadeaux aussi petits soient-ils, estimait la revue dans son numéro de mai.

Une étude menée en France, au Canada et aux États-Unis, publiée en avril dernier, notamment, montrait que la majorité des médecins de famille reçoivent peu ou pas d'informations sur les effets secondaires graves des médicaments lorsque visités par les représentants des compagnies pharmaceutiques.

(1) Les sartans ou antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA2, ARAII) constituent une classe de médicaments antihypertenseurs (voyez la liste). Plus tôt ce mois-ci, la Haute autorité de santé (HAS) indiquait que leur coût plus élevé n'est pas justifié.

(2) Les glitazones sont une une classe de médicaments antidiabétiques à laquelle appartenaient l'Avandia et l'Avandamet retirés du marché en raison de leurs effets secondaires et l'Actos et Competact retirés du marché par la France puis maintenu par l'Europe et déremboursé par la France.

(3) Les gliptines constituent une classe de médicaments antidiabétiques: les inhibiteurs de l'enzyme DPP-4. En février dernier, Prescrire estimait que ces médicaments devraient être évités. (Voyez la liste)

Psychomédia avec source: Prescrire. Tous droits réservés