Pour les mâles dominants alpha chez les babouins, la vie au sommet présente de nombreux avantages dont un meilleur accès à la nourriture et aux femelles. Ces avantages viennent à un certain coût, montre une étude publiée dans la revue Science.

Des précédentes études chez les primates avaient montré que les mâles ayant un rang élevé dans des groupes stables étaient moins stressés que les mâles de rang inférieurs.

La présente étude, réalisée sur 9 ans avec des babouins dans la nature, montre, entre autres, que le niveau de stress des mâles de plus haut rang est élevé même en période calme.

Jeanne Altmann et Susan Alberts ont, avec leurs collègues, mené cette étude avec 125 adultes mâles appartenant à 5 groupes totalement sauvages vivants au Kenya dans le bassin d'Amboseli. Ils ont mesuré, à partir d'échantillons fécaux, les taux de l'hormone de stress glucocorticoïde et de l'hormone sexuelle testostérone.

Les taux de l'hormone de stress étaient plus élevés et ceux de l'hormone sexuelle plus faibles chez les mâles alpha qui sont au sommet de la hiérarchie que chez les mâles bêta qui sont de second rang, même en période de stabilité.

Les niveaux de stress des mâles alpha étaient similaires à ceux des mâles des rangs plus faibles. Dans le premier cas, commentent les chercheurs, ils doivent en permanence préserver leur rang et avoir une forte activité d'accouplement, tandis que dans le second cas, le stress est lié à l'accès à la nourriture et à d'autres ressources. Les mâles bêta qui ont moins accès aux femelles que les mâles alpha, mais plus que les mâles de rangs inférieurs, ont moins besoin de se battre et de monter la garde. Ils ont ainsi beaucoup moins de stress.

Les mâles alpha, commente Robert M. Seyfarth de l'Université de Pennsylvanie, qui a étudié les primates, se débrouillent bien à long terme plutôt que très bien sur un court terme, ce qui est le cas des mâles alpha.

Les spécialistes y vont de commentaires sur la pertinence ou non d'en tirer des enseignements pour l'humain. L'extrapolation est tentante mais complexe et n'est pour l'instant que spéculation. (Toute ressemblance avec la réalité humaine (récente) pourrait n'être que fortuite.)

Robert Sapolsky de l'Université Stanford, non impliqué dans cette étude, qui a réalisé des travaux pionniers sur le stress chez les babouins, a argumenté dans une analyse, également publiée dans la revue Science en 2005, que le statut socio-économique chez les humains, le meilleur équivalent du rang social chez les primates, affectait la santé non seulement à cause de l'accès aux soins médicaux et aux ressources mais parce que qu'un faible statut implique plus de stress chronique.

Mentionnons que d'autres études, ont montré que les femelles chez les babouins ont un système hiérarchique complètement différent, qui est hérité de leur mère et leur rang est rarement contesté, elles n'ont donc pas ce type de stress.

Psychomédia avec sources: Sciences et avenir, New York Times
Tous droits réservés