L'utilisation d'euphémismes pour influencer l'opinion publique permet aux leaders d'éviter les coûts liés au mensonge en termes de réputation tout en ralliant les gens à leur façon de penser, montre une étude publiée en juin 2021 dans la revue Cognition.

Un euphémisme est une « expression atténuée d'une notion dont l'expression directe aurait quelque chose de déplaisant, de choquant ». (Dictionnaire Le Robert)

Un exemple, citent les chercheurs, est de remplacer un terme désagréable tel que « torture », par quelque chose de plus inoffensif et sémantiquement agréable, comme « interrogatoire renforcé ».

Alexander Walker du département de psychologie de l'Université de Waterloo (Ontario, Canada) et ses collègues (1) ont mené cette étude auprès de 1906 personnes afin d'évaluer si la substitution d'un terme agréable - par exemple, « travailler dans une usine de transformation de la viande » à la place d'un terme désagréable comme « travailler dans un abattoir » - a un impact sur l'interprétation des actions d'une personne.

Les résultats confirment que l'évaluation d'une action par les gens peut être biaisée de manière prévisible lorsqu'une personne utilise stratégiquement des termes plus ou moins agréables pour décrire une action.

L'influence des termes agréables et désagréables était réduite (mais pas éliminée) lorsque l'on rendait les actions moins ambiguës en fournissant aux participants une description détaillée de chaque action.

Les participants jugeaient les descriptions d'actions en termes plus agréables comme étant largement véridiques et distinctes des mensonges, et jugeaient les agents utilisant ces descriptions comme plus dignes de confiance et plus moraux que les menteurs.

« Le langage manipulateur peut servir d'outil pour tromper le public, non pas par des mensonges mais plutôt par l'utilisation stratégique du langage », concluent les chercheurs.

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(1) Jonathan Fugelsang, Martin Turpin, Ethan Meyers, Derek Koehler et Jennifer Stolz.

Psychomédia avec sources : University of Waterloo, Cognition.
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