La plus grande étude internationale sur le cerveau à date, publiée dans la revue Nature Genetics, a identifié des variations génétiques liées à l'intelligence, la mémoire et les risques de diverses maladies cérébrales dont la maladie d'Alzheimer.

Le projet ENIGMA (pour Enhancing Neuro Imaging Genetics through Meta-Analysis), dirigé par l'équipe du Pr Paul Thompson du Laboratory of Neuro Imaging de Université de Californie à Los Angeles et des chercheurs d'Australie et des Pays-Bas, a recruté plus de 200 chercheurs de 100 centres dans le monde. Ces derniers ont mis en commun les données concernant les images cérébrales par résonance magnétique (IRM) et l'analyse du génome de 21 151 personnes en santé afin d'identifier des variations héréditaires spécifiques liées au volume global du cerveau et de régions spécifiques. L'atrophie cérébrale est un marqueur de la maladie d'Alzheimer et de la démence ainsi que de troubles mentaux tels que la schizophrénie et le trouble bipolaire.

"Ce qui est vraiment nouveau ici est le mouvement vers l'externalisation ouverte (crowd-sourcing) de la recherche sur le cerveau", dit Paul Thompson. Les recherches dans ce domaine doivent évoluer vers les très grandes collaborations car de grands échantillons de personnes sont nécessaires afin que des liens entre gènes et structures du cerveau soient mis en lumière.

Quand les travaux de l'équipe ont été complétés, le groupe a appris qu'un autre consortium, dirigé par des chercheurs de l'université de Boston, faisaient une analyse similaire avec son propre grand groupe, rapporte le New York Times.

Les deux équipes ont notamment deux résultats en commun, relève le journal : un gène qui est fortement corrélé au volume global du cerveau et un autre qui est corrélé au taux d'atrophie, avec l'âge, de l'hippocampe, une structure qui joue un rôle important pour la mémoire.

Pour ce qui est du gène lié au volume global du cerveau, deux variations sont réparties à peu près également dans la population. Dans une étude indépendante, les chercheurs dirigeant l'équipe d'Australie, Nick Martin et Margaret Wright, ont montré que le volume cérébral est en corrélation avec le quotient intellectuel (Q.I), une mesure de l'intelligence.

Ces résultats sont des moyennes, prend soin de rappeler la journaliste du New York Times, ce qui signifie qu'ils sont valables pour un groupe mais ne disent rien d'une personne en particulier, certaines personnes très intelligentes ayant ces cerveaux relativement peu volumineux.

Il a également été constaté qu'environ 10% de la population portent une variante qui est en corrélation avec un rythme légèrement accéléré d'atrophie de l'hippocampe. Une atrophie prononcée de cette région étant liée à la démence, un lien entre ce gène et la démence est donc suspecté.

L'établissement de liens entre gènes et caractéristiques cérébrales ouvre des voies de recherche sur les mécanismes physiologiques qui sous-tendent diverses maladies.

Ces résultats, souligne Thompson, représentent davantage un début qu'un aboutissement et ils illustrent ce qu'il faudra pour obtenir de réelles avancées des connaissances : "partagez vos résultats, mettez tout en commun" et "ce n'est pas la façon dont les chercheurs travaillent habituellement".

Illustration : Source : Laboratory of Neuro Imaging

Psychomédia avec source: Los Angeles Times, New York Times. Tous droits réservés.