La Société Française de Cardiologie (SFC) dénonce les propos du cardiologue Michel de Lorgeril, chercheur au CNRS dans un interview publié dans Le Monde du 13 juin et dans son livre "Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent, il vous soignera sans médicament". La SCF qualifie les propos du docteur de Lorgeril, qui "innocente" le cholestérol comme facteur des maladies cardio-vasculaires, de fantaisistes.

Près de 6 millions de Français suivent un traitement médicamenteux pour réduire leur hypercholestérolémie. Selon les derniers chiffres publiés par l'assurance-maladie, les statines (principaux médicaments anticholestérol) occupent le deuxième rang des dépenses pharmaceutiques (980 millions d'euros en 2006).

Selon Le Monde, une étude de la CNAM (Caisse nationale de l'assurance-maladie) en 2003 estimait que 40 % des prescriptions des médicaments anticholestérol n'étaient pas légitimes "en l'état des connaissances scientifiques".

Selon le docteur de Lorgeril, il faudrait plus de science et de bonne recherche médicale indépendante avant de prescrire un médicament à des millions de personnes.

Pour celui-ci, "La "théorie du cholestérol" dans sa forme actuelle n'est qu'un château de cartes". Dès qu'on utilise son sens critique et qu'on analyse scientifiquement les données de biologie expérimentale, d'épidémiologie et des essais cliniques randomisés, tout s'écroule. Le cholestérol ne bouche pas les artères ; le risque de mourir d'un infarctus n'est pas proportionnel au niveau de cholestérol dans le sang et le faire baisser ne réduit pas le risque de mourir d'un arrêt cardiaque. Je ne suis pas seul contre tous en disant cela. De nombreux chercheurs, notamment aux Etats-Unis et en Scandinavie, s'opposent à cette course folle d'une médecine préventive focalisée sur une guerre inutile contre le cholestérol. Mais cette parole est confisquée et l'industrie surfe sur cette vague sans aucun contre-pouvoir.

(...) Non seulement le cholestérol est un faux ennemi mais c'est un mauvais avertisseur de l'infarctus. On peut avoir un cholestérol jugé haut et vivre longtemps sans infarctus, et on peut mourir jeune d'un infarctus en ayant un cholestérol normal. Absurdes également sont les concepts de bon et de mauvais cholestérol. Les maladies cardio-vasculaires sont complexes et multifactorielles et il faut accepter l'idée que ce sont des maladies du mode de vie déterminé par nos conditions d'existence.

En focalisant la prévention sur la prescription de médicaments, on se détourne des problèmes qui conduisent à l'infarctus. Certains pensent qu'ils peuvent continuer à manger des graisses toxiques et à fumer parce qu'ils avalent leur statine !

(...) Les essais récents testant les statines sont sévèrement biaisés et les résultats publiés sont fragmentaires, parfois incohérents, et ne permettent pas une analyse lucide de leurs effets réels. Les statines devraient être réservées à des cas particuliers mais nous manquons d'études permettant d'identifier les patients qui en profiteraient.

(...) Il est urgent de réévaluer nos comportements vis-à-vis du risque cardio-vasculaire. Il est faux de se croire protégé parce qu'on diminue son cholestérol. Il ne tient qu'à nous de prendre notre santé entre nos mains, notamment en se rapprochant du régime méditerranéen." (Le Monde)

De son côté, La Société Française de Cardiologie rappelle que l'hypercholestérolémie (taux élevés de cholestérol sanguin) est un des principaux facteurs de risque d'infarctus du myocarde. Elle insiste sur la très grande quantité de preuves scientifiques formelles qui ont montré que l'utilisation des statines (médicaments anti-cholestérol) permet de réduire le risque d'infarctus et de décès, chez les patients cardiaques et ceux à haut risque cardio-vasculaire. Il est donc particulièrement important que ces patients n'interrompent pas un traitement dont les bénéfices sont prouvés.

Elle rappeler que le traitement par statines doit s'intégrer dans un ensemble de mesures d'hygiène de vie: exercice physique, régime, arrêt du tabagisme chez les fumeurs, également indispensables pour réduire le risque d'accidents cardio-vasculaires.

Sources:
Société Française de Cardiologie
Le Monde

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