La surmédicamentation des personnes âgées est liée à des risques d’interactions médicamenteuses, de non-observance, de chute, d’impact cognitif, d’hospitalisation, et même de mortalité.

Le ministère de la Santé de l’Ontario (Canada), rapporte le site médical Medscape, explore la possibilité d’établir des recommandations pour la déprescription (diminution ou arrêt) de médicaments.

Dans cette logique, Barbara Farrell de l'Université d'Ottawa et ses collègues (1) ont mené une étude pour identifier les médicaments qui mériteraient, en priorité, de telles recommandations. Leurs résultats sont publiés dans la revue PLoS One.

Un premier examen de la littérature médicale a permis d'identifier les traitements les plus problématiques à priori. Une liste de 29 médicaments ou classes de médicaments a ainsi obtenue. Elle a ensuite été soumise à 3 reprises à un panel de 36 pharmaciens, 19 médecins et 10 infirmières spécialisés en gériatrie. De cette liste, 14 ont été retenus en raison d’un consensus d’au moins 70 % des participants au panel, ainsi que deux classes – les anticonvulsivants et les biphosphonates – qui ont été rajoutés par plus de 10 % des participants.

Trois des cinq classes jugées comme étant les plus susceptibles de bénéficier de lignes directrices pour la déprescription concernent la santé mentale.

Voici ces 5 classes :

  • benzodiazépines (anxiolytique, somnifères) : usage très répandu au Canada, où 21 % des personnes âgées se seraient vus prescrire au moins une fois une molécule de cette classe en 2009-2010 ;

  • antipsychotiques atypiques (neuroleptiques) : bénéfice limité contre les symptômes neuropsychiatriques de la démence, associés à des effets secondaires sévères, allant jusqu’à une surmortalité en cas d’usage chronique ;

  • statines (anticholestérol) : les auteurs évoquent des « inquiétudes quant au bénéfice, puisque les études n’incluent pas de patients âgés », un « manque de clarté des indications », et une « reconnaissance émergente des effets secondaires et du surtraitement des patients à bas risque » ;

  • antidépresseurs tricycliques : effets secondaires tels que confusion, chute, et risque d’altération du sommeil et de l’humeur à l’interruption du traitement ;

  • inhibiteurs de la pompe à protons (IPP, brulures d'estomac…) ;

Le processus a aussi identifié 9 autres classes pour lesquelles des recommandations de déprescription seraient souhaitables :

Les chercheurs appellent au développement de lignes directrices pour la déprescription.

(1) Corey Tsang, Lalitha Raman-Wilms, Hannah Irving, James Conklin, Kevin Pottie.

Psychomédia avec sources : Medscape, PLOS One.
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