Un tribunal a, pour la première fois en France, reconnu l’existence d’un handicap grave dû à l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, a annoncé l’association Robin des toits le 25 août.

Un jugement du tribunal du contentieux de l’incapacité de Toulouse reconnaît, après expertise médicale, que la plaignante, Marine Richard, souffre du syndrome d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques. Dans ce jugement, il est estimé que sa déficience fonctionnelle est de 85 % « avec restriction substantielle et durable pour l’accès à l’emploi ».

En conséquence, le jugement lui accorde le droit à une allocation pour adulte handicapé pour trois ans, éventuellement renouvelable, sous forme d’aide technique et d’aménagement de son logement.

Mme Richard, ancienne journaliste de 39 ans, avait déposé un recours en avril 2014 contre une décision de la commission des droits et de l’autonomie des personnes en situation de handicap de l’Ariège. Elle y vit recluse dans les montagnes en raison de ses troubles, qui durent depuis 2010.

L'hypersensibilité aux ondes magnétiques, qui n’est pas reconnue officiellement comme maladie en France, se manifeste par des maux de tête, des picotements, des troubles du sommeil ainsi que d'autres symptômes divers, transitoires et communs à de nombreuses autres affections (tels que fatigue, nausées, étourdissements, palpitations cardiaques, problèmes de mémoire et démangeaisons cutanées).

En 2014, un homme souffrant d’électrosensibilité s’était vu accorder une aide financière en 2014 par la maison départementale des personnes handicapées de l’Essonne. Mais il s’agissait d’un accord à l’amiable avec cette administration.

Étienne Cendrier, porte-parole de Robin des toits, espère que le jugement fasse jurisprudence. « Souvent la justice est plus humaine que les politiques, qui protègent les industriels », a-t-il estimé. Une loi de janvier ne prévoit qu’un rapport début 2016 sur l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, précise-t-il.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu, en 2005, que ces symptômes « ont une réalité certaine et peuvent être de gravité très variable ». Mais, ajoutait-elle, « il n’existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire ni base scientifique permettant de relier les symptômes à une exposition aux champs électromagnétiques ». En 2011, l'OMS a classé les champs électromagnétiques comme « cancérigènes possibles ».

L’électrohypersensibilité est reconnue comme un handicap en Suède et dans plusieurs États américains (Colorado, Connecticut, Floride) et elle est traitée en tant que maladie en Angleterre et en Allemagne, rapportait Le Monde en 2014.

Psychomédia avec sources : Le Monde (avec AFP), Le Monde (2014).
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