Le baclofène à fortes doses n'a pas été efficace dans le traitement de l'alcoolodépendance dans la plus grande étude randomisée à ce jour, publiée dans le European Neuropsychopharmacology.

Des études récentes ont suggéré que des doses élevées du médicament pouvaient être efficaces. Ces études, couplées avec des témoignages de patients individuels, ont « donné au baclofène un profil public élevé », incitant les autorités françaises, en 2014, à autoriser les médecins à prescrire ces doses en attendant les résultats des essais cliniques randomisés.

Même avant cette autorisation, indiquent les chercheurs, plus de 200 000 personnes avaient utilisé le médicament « hors AMM » (autorisation de mise sur le marché) en France seulement. Le baclofène, qui est un agoniste d'un récepteur du neurotransmetteur GABA, a une AMM comme relaxant musculaire contre les spasmes (spasticité).

Reinout Wiers de l'Université d'Amsterdam et ses collègues ont mené cette étude, pendant 16 semaines, avec 151 personnes alcoolodépendantes dont 58 ont reçu une dose élevée du médicament (à partir d'une dose faible jusqu'à 150 mg jour), 31 ont reçu une dose faible (30 mg jour) et 62, un placebo.

Aucune différence n'a été constatée dans les taux de rechute (première journée de consommation excessive après le traitement) entre les groupes, lesquels étaient d'environ 25 %.

En août 2015, une petite étude allemande randomisée a montré une efficacité pour les doses élevées, mais leur groupe témoin n'a reçu aucun traitement, alors que dans la présente étude, tous les participants, y compris ceux du groupe placebo, ont reçu un traitement psychosocial.

Ensemble, ces études suggèrent que le baclofène pourrait être aussi efficace qu'un traitement psychosocial mais n'ajouterait pas de bénéfice supplémentaire à celui-ci, disent les chercheurs. Par exemple, peut-être qu'il pourrait aider un sous-groupe qui ne répondent pas au traitement psychosocial.

« Nous croyons que la prescription large de baclofène, comme cela se fait actuellement en France, pourrait être prématurée et devrait être reconsidérée », concluent-ils.

Psychomédia avec source : European College of Neuropsychopharmacolog.
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