La grande majorité des prescriptions d'antidépresseurs pour des conditions de santé autres que la dépression, comme la migraine ou l'insomnie, n'est pas basée sur une efficacité démontrée scientifiquement, selon une étude québécoise publiée dans le British Medical Journal (BMJ).

Certains antidépresseurs ont des autorisations de commercialisation pour d'autres conditions que la dépression. Ces quelques autorisations varient selon les pays.

Mais selon des études précédentes, environ un tiers des antidépresseurs prescrits par les médecins généralistes le sont en dehors des indications précisées dans les autorisations de commercialisation.

Or, l'utilisation de médicaments qui n'est pas basée sur une démonstration scientifique d'efficacité est liée à un risque accru d'effets indésirables.

L'étude, menée par Jenna Wong de l'Université McGill et ses collègues (1), avait pour objectif de déterminer quelle proportion des prescriptions d'antidépresseurs hors approbation est basée sur une démonstration scientifique d'efficacité.

Ils ont analysé les prescriptions d’antidépresseurs pour des indications autres que celles déterminées dans leur autorisation de mise sur le marché par les médecins généralistes de deux grandes agglomérations du Québec entre 2003 et 2015.

Ils ont recensé 106 850 prescriptions d'antidépresseurs par 174 médecins pour 20 920 adultes.

143 paires antidépresseur-indication hors autorisation ont été identifiées.

Parmi celles-ci :

  • seules, 15,9 % étaient basées sur une démonstration scientifique solide :

  • dans 39,6 % des cas, l'efficacité de l'antidépresseur prescrit n'était pas démontrée scientifiquement, mais celle d'un autre antidépresseur de la même classe l'était ;

  • dans 44,6 % des cas, ni l'utilisation de l'antidépresseur prescrit ni celle d'un autre de la même classe n'était supportée par la science.

Les prescriptions hors autorisations les plus fréquentes étaient :

  • la trazodone (Desyrel, Trazolan) contre l'insomnie (26,2 % de toutes les prescriptions hors autorisation) ;
  • le citalopram (Séropram, Celexa) contre l'anxiété (17,8 %) ;
  • l'amitriptyline contre la douleur (13,8 %) ;
  • l'amitriptyline contre l'insomnie (6,4 %).

L'amitriptyline n'est approuvée que pour la dépression, mais est presque exclusivement prescrite pour les indications hors autorisation qui incluent aussi la migraine.

Les chercheurs soulignent que des systèmes informatiques incluant une base de données des indications pour lesquelles les médicaments sont commercialisés auraient le potentiel de devenir des composantes essentielles du processus de prescription.

7 antidépresseurs à éviter selon Prescrire

Pour plus d'informations sur les antidépresseurs et la dépression, voyez les liens plus bas.

(1) Aude Motulsky, Michal Abrahamowicz, Tewodros Eguale, , David L Buckeridge, Robyn Tamblyn.

Psychomédia avec source : BMJ.
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