Des bactéries intestinales provoquent l’accumulation de graisse dans le foie et jouent un rôle majeur dans la maladie dite du « foie gras » (stéatose hépatique), montre une étude de chercheurs français, italiens et anglais publiée dans la revue Nature Médicine.

Ces travaux pourraient permettre à terme de développer des traitements fondés sur des approches pharmacologiques et une nouvelle génération de probiotiques.

Le communiqué de l'Inserm explique :

« 70 à 80 % des personnes souffrant d’obésité et de diabète possèdent un “foie gras”. L’accumulation de graisse dans cet organe conduit rapidement au développement d’une insuffisance hépatique avec pour conséquences un risque de développement de cancer et une capacité réduite à filtrer les toxines environnementales et alimentaires.

Aujourd’hui, il n’existe pas de médicament pour combattre ces altérations hépatiques. Les seules solutions résident dans un contrôle strict du régime alimentaire et, dans les cas les plus extrêmes, consistent à proposer une greffe de foie. »

Un consortium européen (FLORINASH) réunissant des chercheurs français de l’Inserm, anglais de l’Imperial College de Londres et italiens de l’hôpital de Girone et de l’Université Tor Vergata de Rome, a collecté et analysé les données issues de deux grandes cohortes de 800 hommes et femmes atteints d’obésité, en séparant les groupes en fonction de la présence ou non d’un « foie gras ».

Puis, chez une centaine de femmes, des analyses moléculaires ont été réalisées à partir de biopsies du foie, de prélèvements d’urine et de plasma et de la collection de selles.

« Des résultats antérieurs (publiés en 2007 et 2011) avaient permis d’expliquer le processus par lequel les bactéries de l’intestin (microbiote) devenaient délétères et entrainaient le diabète et l’obésité. Les chercheurs se sont donc posé la question de savoir si le microbiote pouvait, là encore, jouer un rôle dans la survenue des complications hépatiques du diabète et de l’obésité. »

(...) Les chercheurs ont utilisé une approche de big data. Une immense base de données contenant tous les détails moléculaires de la composition du microbiote, des gènes du foie, des protéines plasmatiques et des protéines urinaires a été constituée. Puis, les chercheurs ont développé des algorithmes capables d’identifier un lien logique entre ces données. »

« Nous voulions voir si nous pouvions identifier, étape par étape, depuis le microbiote, la succession de mécanismes responsables de la maladie hépatique », explique Rémy Burcelin de l'Inserm.

Les chercheurs ont abouti à deux constats :

« Premièrement, plus la maladie progresse, plus la diversité des gènes microbiens retrouvés diminue ; ce qui suggère une réduction de la composition du microbiote avant même que les premiers symptômes n’apparaissent. Deuxièmement, un des composés spécifiques du microbiote, l’acide phénylacétique, potentialise l’accumulation de graisses dans le foie.

Afin de prouver le lien de cause à effet, les chercheurs ont poursuivi leurs travaux chez l’animal et sur des cellules du foie humain. Pour cela, ils ont transféré chez des souris saines le microbiote de donneurs humains présentant une maladie du foie gras. Le taux de triglycérides a alors augmenté drastiquement dans le foie de ces souris. Ils ont également montré que l’acide phénylacétique administré aux souris déclenchait l’accumulation de graisses dans leur foie. »

« Il serait possible à terme, en manipulant des bactéries du microbiote, d’empêcher les complications hépatiques liées à l’obésité », estiment les chercheurs. « L’idée est également de pouvoir aboutir au développement d’une nouvelle génération de probiotiques et à une stratégie pharmacologique interférant avec les mécanismes bactériens responsables de l’affection hépatique. »

Pour plus d'informations sur le rôle du microbiote dans l'obésité, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Inserm, Nature Medicine.
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