Une réduction de l'acide aminé méthionine dans l'alimentation pourrait ralentir l'apparition et la progression de troubles inflammatoires et auto-immuns tels que la sclérose en plaques chez les personnes à risque élevé, selon une étude publiée en février dans la revue Cell Metabolism.

Alors que de nombreux types de cellules dans le corps produisent de la méthionine, certaines cellules immunitaires responsables de la réponse à des menaces telles que les agents pathogènes n'en produisent pas.

La méthionine qui alimente ces cellules spécialisées, les lymphocytes T (ou cellules T), provient de l'alimentation.

Bien que la méthionine soit présente dans la plupart des aliments, les produits animaliers tels que la viande et les œufs en contiennent des taux particulièrement élevés.

« La méthionine est essentielle pour un système immunitaire sain. Nos résultats suggèrent que, pour les personnes prédisposées à des troubles inflammatoires et auto-immuns comme la sclérose en plaques, la réduction de l'apport en méthionine peut atténuer l'activité des cellules immunitaires à l'origine de la maladie », explique Russell Jones de l'Institut Van Andel (États-Unis), auteur principal. « Ces résultats fournissent une base supplémentaire pour des interventions alimentaires comme futurs traitements de ces troubles ».

Les maladies auto-immunes surviennent lorsque le système immunitaire attaque et détruit par erreur des tissus sains. Par exemple, dans la sclérose en plaques - la maladie inflammatoire la plus courante du système nerveux central - la gaine de myéline qui protège les cellules nerveuses du cerveau et de la moelle épinière est ciblée par le système immunitaire. Les dommages qui en résultent empêchent les messages de se rendre au cerveau et d'en revenir, ce qui entraîne une aggravation progressive de symptômes tels qu'un engourdissement, une faiblesse musculaire, des problèmes de coordination et d'équilibre et un déclin cognitif. Il n'existe actuellement aucun traitement permettant de ralentir ou d'arrêter de manière significative la sclérose en plaques sans augmenter considérablement le risque d'infection ou de cancer.

« Les causes de la sclérose en plaques ne sont pas encore totalement comprises. Nous savons que les gènes liés au système immunitaire sont impliqués, mais les facteurs environnementaux ont également un rôle à jouer », explique Catherine Larochelle de la Clinique de sclérose en plaques du Centre hospitalier de l'Université de Montréal.

Lors d'une réponse immunitaire, les cellules T inondent la zone affectée pour aider l'organisme à lutter contre les agents pathogènes. L'étude montre que la méthionine de provenance alimentaire favorise ce processus en aidant à « reprogrammer » les cellules T pour répondre à la menace en se répliquant et en se différenciant plus rapidement en sous-types spécialisés. Certains de ces lymphocytes T reprogrammés provoquent une inflammation, qui est un élément normal de la réponse immunitaire mais qui peut causer des dommages si elle persiste, comme les lésions nerveuses qui surviennent dans la sclérose en plaques.

Les chercheurs ont également découvert qu'une réduction significative de la méthionine dans l'alimentation de modèles murins (chez la souris) de la sclérose en plaques altérait la reprogrammation des cellules T, limitant leur capacité à provoquer une inflammation dans le cerveau et la moelle épinière. Il en résulte un délai dans l'apparition de la maladie et un ralentissement de sa progression.

« En limitant la méthionine dans l'alimentation, vous supprimez essentiellement le carburant de cette réponse inflammatoire trop active sans compromettre le reste du système immunitaire », explique M. Jones.

Ces résultats doivent cependant être vérifiés chez l'humain avant de pouvoir élaborer des directives alimentaires, soulignent les chercheurs. L'équipe prévoit également d'étudier s'il est possible de concevoir de nouveaux médicaments qui ciblent le métabolisme de la méthionine.

L'étude est la dernière en date à cibler la méthionine alimentaire comme traitements possibles de maladies, mentionnent les chercheurs. Une étude réalisée en 2019 par le Locasale Lab de l'université de Duke a montré que la réduction de la méthionine pourrait améliorer les effets de la chimiothérapie et de la radiothérapie dans la lutte contre le cancer.

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Psychomédia avec sources : Van Andel Institute, Cell Metabolism.
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