Les virus auxquels les gens sont exposés dans leur enfance déterminent la façon dont ils vont combattre la grippe toute leur vie, selon une étude de chercheurs canadiens en démographie et immunologie, publiée dans la revue Clinical Infectious Diseases.

Des chercheurs des universités de Montréal et McMaster « fournissent de nouvelles preuves convaincantes » pour soutenir l'hypothèse de l'« empreinte antigénique », explique le communiqué de Université de Montréal.

Selon cette hypothèse, une exposition précoce à l'une des deux souches de grippe qui circulent chaque année influence l'immunité et modifie la réponse de l'organisme à la grippe tout au long de la vie.

« Cela pourrait avoir des implications importantes pour la planification des pandémies et des épidémies en permettant aux responsables de la santé publique d'évaluer qui pourrait être le plus à risque une certaine année, en fonction de son âge et des virus qui dominaient au moment de sa naissance. »

« Nous savions déjà, grâce à nos études précédentes, que la sensibilité à des sous-types spécifiques de grippe pouvait être associée à l'année de naissance », explique Alain Gagnon, professeur de démographie à l'Université de Montréal et auteur principal. « Cette nouvelle étude va beaucoup plus loin en faveur de l’hypothèse de l'empreinte antigénique. »

M. Gagnon et Enrique Acosta, doctorant, ont analysé les données hebdomadaires de l’Institut national de recherche en santé publique du Québec pour la saison de la grippe 2018-19 qui a été très inhabituelle, car les deux souches de grippe A ont dominé à des périodes différentes. En général, une seule souche domine chaque saison de grippe.

Les personnes nées lorsque le virus H1N1 était dominant avaient une sensibilité à la grippe beaucoup plus faible pendant la période dominée par ce virus. Alors que celles nées dans une année où le H3N2 était dominant étaient moins vulnérables pendant la période où il dominait.

Par exemple, les personnes plus âgées qui ont été exposées à un plus jeune âge au virus H1N1, apparu lors de la pandémie de grippe espagnole en 1918, possèdent de nombreux anticorps pour combattre le virus et se portent donc assez bien lorsqu'ils sont exposés aujourd'hui au virus H1N1 2009, un proche cousin. Mais dans une saison dominée par le virus H3N2, ils s’en tirent moins bien, avec des taux de mortalité nettement plus élevés.

Au contraire, les personnes nées pendant ou peu après la pandémie de 1968 provoquée par le H3N2 sont mieux équipées pour faire face à la grippe pendant les saisons où ce virus est dominant. En 2017-18, par exemple, l'incidence de la grippe a légèrement diminué chez les personnes nées entre 1968 et 1977.

« L'immunité préalable des gens à des virus comme la grippe peut avoir une incidence énorme sur leur risque de tomber malade lors d'épidémies et de pandémies ultérieures », souligne l’immunologue Matthew Miller, professeur associé à l’Université McMaster, coauteur. « Comprendre comment leur immunité antérieure les protège ou les rend vulnérables est vraiment important pour nous aider à identifier les populations les plus à risque lors des épidémies saisonnières ou lors de nouvelles flambées. »

Alain Gagnon et ses collègues ont publié en 2018 une étude montrant que des épidémies mortelles frappaient le Québec ancien tous les sept ans.

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Psychomédia avec sources : Université de Montréal, Clinical Infectious Diseases.
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