Les patients atteints d'une déficience sévère en vitamine D ont un risque qui pourrait être doublé de complications graves de la COVID-19 dont le décès, selon une étude américaine publiée sur le 30 avril sur le site medRxiv de prépublication de recherches en science de la santé.

La vitamine D renforce l'immunité innée et prévient les réponses immunitaires hyperactives, explique le communiqué des chercheurs.

Vadim Backman et Ali Daneshkhah de l'Université Northwestern (États-Unis) ont, avec leurs collègues, effectué une analyse statistique de données provenant d'hôpitaux et de cliniques de 10 pays : France, Allemagne, Italie, Espagne, Suisse, Royaume-Uni, États-Unis, Corée du Sud, Iran et Chine.

Les patients des pays où le taux de mortalité par COVID-19 est élevé, tels que l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni, présentaient des taux de vitamine D plus faibles que ceux de pays moins gravement touchés.

« Cela ne signifie pas que tout le monde, surtout ceux qui ne présentent pas de carence connue, doit commencer à accumuler des compléments », met en garde Vadim Backman. « Cela doit être étudié plus en profondeur et j'espère que notre travail stimulera l'intérêt dans ce domaine. Ces données pourraient également éclairer le mécanisme de la mortalité, qui, s'il est prouvé, pourrait conduire à de nouvelles cibles thérapeutiques. »

Backman et son équipe ont pensé à examiner les niveaux de vitamine D après avoir remarqué des différences inexpliquées dans les taux de mortalité de la COVID-19 d'un pays à l'autre. Certaines personnes ont émis l'hypothèse que des différences dans la qualité des soins de santé, la distribution d'âge des populations, les taux de dépistage ou les différentes souches du coronavirus pourraient être responsables. Mais le chercheur est resté sceptique.

« Aucun de ces facteurs ne semble jouer un rôle significatif », a-t-il constaté. « Le système de santé du nord de l'Italie est l'un des meilleurs au monde. Des différences de mortalité existent même si l'on regarde à travers le même groupe d'âge. Et, si les restrictions en matière de dépistage varient effectivement, les disparités de mortalité existent toujours, même lorsque l'on regarde les pays ou les populations pour lesquels des taux de dépistage similaires s'appliquent. » (L'Italie en tête de 163 pays pour la santé [2017] - L'Espagne détrône l'Italie comme pays où la santé est la meilleure au monde [2019])

« Nous avons plutôt constaté une corrélation significative avec la carence en vitamine D », rapporte-t-il. En analysant les données de patients disponibles publiquement, Backman et son équipe ont découvert une forte corrélation entre les niveaux de vitamine D et l'« orage de cytokines », un état hyperinflammatoire causé par un système immunitaire hyperactif, ainsi qu'une corrélation entre la carence en vitamine D et la mortalité.

« La “tempête de cytokines” peut gravement endommager les poumons et conduire au syndrome de détresse respiratoire aiguë et à la mort », explique Daneshkhah. « C'est ce qui semble tuer la majorité de patients atteints de COVID-19, et non la destruction des poumons par le virus lui-même. »

C'est là que la vitamine D jouerait un rôle majeur selon les chercheurs. Non seulement renforce-t-elle le système immunitaire inné, mais elle empêche également la dangereuse hyperactivité du système immunitaire.

« Notre analyse montre que cela pourrait réduire le taux de mortalité de moitié », indique Backman. La vitamine D « n'empêchera pas un patient de contracter le virus, mais elle peut réduire les complications et prévenir les décès chez ceux qui sont infectés », explique le chercheur.

Cette corrélation pourrait aider à expliquer de nombreux mystères entourant la COVID-19, par exemple pourquoi les enfants ont moins de risque de mourir, souligne-t-il. Les enfants ne disposent pas encore d'un système immunitaire acquis pleinement développé, qui constitue la deuxième ligne de défense du système immunitaire et qui est plus susceptible de réagir de manière excessive. Ils « dépendent principalement de leur système immunitaire inné », indique le chercheur. « Cela peut expliquer pourquoi leur taux de mortalité est plus faible. »

« Les gens ne devraient pas prendre des doses excessives de vitamine D, ce qui pourrait entraîner des effets secondaires négatifs », avertit-il. Beaucoup plus de recherches sont nécessaires pour savoir comment la vitamine D pourrait être utilisée le plus efficacement pour protéger contre les complications de la COVID-19.

« Il est difficile de dire quelle dose est la plus bénéfique pour COVID-19. Mais il est clair que la carence en vitamine D est nocive, et elle peut être facilement traitée avec une supplémentation appropriée. Cela pourrait être une autre clé pour aider à protéger les populations vulnérables, telles que les Afro-Américains et les personnes âgées, qui ont une prévalence de carence en vitamine D. »

Une étude britannique, publiée le 6 mai, portant sur des données de 20 pays européens, a aussi montré un lien entre la sévérité de la COVID-19 et les niveaux de vitamine D.

Pour plus d'informations sur la COVID-19 et sur la vitamine D, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Northwestern University, medRxiv.
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