« Une alimentation déséquilibrée est associée à un dérèglement du microbiote intestinal qui favorise les maladies métaboliques comme le diabète ».

Des chercheurs français et suédois ont mené une étude avec près de 2000 personnes qui confirme un mécanisme par lequel une perturbation du microbiote favorise le diabète.

Leurs résultats sont publiés en novembre 2020 dans la revue Nature Communications.

Les changements dans la composition du microbiote intestinal entraînent une augmentation des niveaux sanguins d’une molécule, le propionate d’imidazole, qui est connue pour rendre les cellules de l’organisme résistantes à l’insuline et augmenter le risque de diabète de type 2, montrent les chercheurs de l’Inserm, de Sorbonne Université, de l’AP-HP et d’INRAE en collaboration avec une équipe suédoise.

L’alimentation joue un rôle important dans la composition du microbiote intestinal. À partir des aliments consommés, les bactéries intestinales produisent des composés organiques, des métabolites.

Des études ont montré que des changements dans la composition du microbiote intestinal et la production de certains métabolites peuvent directement influencer le développement du diabète de type 2.

Elles ont par exemple mis en avant qu’une quantité plus faible des bactéries productrices d’un acide gras connu pour améliorer la sensibilité à l’insuline, le butyrate, est associée à un risque de diabète plus élevé.

D’autres travaux récents suggèrent qu’une altération du microbiote intestinal dérègle le métabolisme de l’histidine, un acide aminé présent dans de nombreux aliments, ce qui entraîne une élévation des niveaux d’un métabolite, le propionate d’imidazole. Cette molécule bloque l’action de l’insuline, l’empêchant de diminuer les quantités de sucre dans le sang.

La nouvelle étude confirme ces résultats dans une cohorte européenne, pilotée par l’Inserm, regroupant 1990 participants originaires de France, d'Allemagne et du Danemark.

Karine Clément et ses collègues montrent que les personnes atteintes de prédiabète (1) ou de diabète de type 2 présentent effectivement des niveaux plus élevés de propionate d’imidazole dans le sang. Le microbiote intestinal de ces personnes est par ailleurs caractérisé par un appauvrissement important en bactéries.

Les chercheurs suggèrent que ces altérations de la composition du microbiote seraient liées à une alimentation peu équilibrée. Elles entrainent un dérèglement du métabolisme de l’histidine qui entraîne à son tour l’augmentation du propionate d’imidazole et donc des problèmes de régulation de la glycémie.

L'étude « vise à faire passer un message de prévention, en soulignant qu’une alimentation plus variée permet d’enrichir le microbiote ». « Elle a aussi des implications thérapeutiques puisqu’on pourrait envisager à l’avenir de développer des médicaments modifiant la synthèse de certains métabolites dont le propionate d’imidazole », souligne Karine Clément.

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(1) « Le prédiabète est un trouble glycémique à un stade moins avancé que le diabète proprement dit », précise le communiqué de l'Inserm. « Pour ces personnes, la glycémie à jeun se situe entre 1,10 g/L et 1,25 g/L (une glycémie normale à jeun est inférieure à 1,10 g/L) ».

Psychomédia avec sources : Inserm, Nature Communications.
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