« Si vous avez déjà senti que votre rythme cardiaque s’accélérait ou que votre cœur battait de façon irrégulière au lendemain d’une soirée particulièrement arrosée, vous avez probablement vécu un épisode de fibrillation atriale », rapportent les auteurs d'une étude publiés en octobre 2020 dans le Circulation Journal.

Ce phénomène est appelé « syndrome cardiaque des fêtes » (holiday heart syndrome). Or, les mécanismes cellulaires et moléculaires par lesquels l’alcool pourrait causer la fibrillation atriale (ou auriculaire) étaient jusqu’ici inconnus.

Ils ont été en partie élucidés par une équipe internationale de scientifiques. Le cardiologue Stanley Nattel, de l’Institut de cardiologie de Montréal, et ses collègues ont eu recours, en laboratoire, à des rats qui ont avalé par eux-mêmes 20 ml d’éthanol concentré à 20 % et d’autres à qui ils ont servi 20 ml d’eau distillée. Aux fins de comparaison, ils ont injecté à d’autres rats 10 ml d’éthanol à 20 % ou une solution saline par leur cavité abdominale.

« Vingt millilitres d’éthanol à 20 % est une grande quantité d’alcool pour des rongeurs, soit environ l’équivalent d’un quart de bouteille de spiritueux pour un humain », indique le chercheur.

Une fois l’ivresse provoquée, les changements du système électrique du cœur des rongeurs ont été observés : à l’aide d’un système d’électrophysiologie, on a mesuré leur susceptibilité à subir une fibrillation atriale à la suite d’une stimulation électrique du cœur au moyen d’une sonde dans l’œsophage, qui se situe derrière le cœur.

« Nous avons constaté des modifications de la transcription des canaux ioniques, qui contribuent à la sensibilité à la fibrillation, indique le cardiologue. Les canaux ioniques sont présents dans la membrane de toutes les cellules et jouent notamment un rôle central dans la fonction d’automaticité des cellules qui régulent le rythme cardiaque. »

Le rythme cardiaque des rongeurs a augmenté tant après la consommation excessive d'éthanol qu’à la suite de l’injection. Et après la stimulation électrique, la consommation et l’injection d'éthanol étaient associées à une probabilité de 92 % que se produise une fibrillation atriale.

« Cela s’explique par le fait que l’éthanol inhibe la protéine kinase C, qui participe à différentes fonctions physiologiques de la cellule cardiaque, dont la modulation de l'activité des canaux ioniques », précise le chercheur.

Aussi, les résultats ont montré que la vulnérabilité à la fibrillation survenait 8 heures après la consommation ou l’injection d’alcool, tandis qu’elle disparaissait 24 heures plus tard.

Chez les consommateurs d’alcool, il faut distinguer le risque élevé et le risque transitoire, explique le chercheur. Le risque qu’une fibrillation atriale survienne après une seule consommation excessive d’alcool est faible chez l’humain ‒ on parle d’un cas sur environ 1000 consommations excessives ‒, ce qui représente un petit risque aigu. Un risque plus grand guette ceux qui consomment régulièrement d’importantes quantités d’alcool, puisque cela cause des modifications dans les tissus de l’oreillette du cœur.

« Bien qu’elle puisse s’avérer asymptomatique, les principaux signes de la fibrillation sont des battements rapides, inconfortables et accélérés », indique le communiqué. « Le principal danger de la fibrillation atriale est qu’elle peut entraîner la formation d’un caillot dans les oreillettes et provoquer un accident vasculaire cérébral. »

« Les personnes qui ont déjà un problème de fibrillation devraient limiter leur consommation d’alcool à quelques occasions et boire de façon modérée », conclut le chercheur. « Et si l’on ressent que le cœur bat à tout rompre au lendemain d’une soirée arrosée et que la fibrillation persiste, il ne faut pas hésiter à se rendre aux urgences. »

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Psychomédia avec sources : Université de Montréal, Circulation Journal.
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