Des chercheurs français ont comparé les dossiers médicaux de 40 000 personnes atteintes d'Alzheimer et ceux d'autant de personnes n'ayant pas développé cette maladie, en France et au Royaume-Uni, afin d'identifier les différences dans leurs conditions de santé au cours des 15 années précédant le diagnostic.

Leurs résultats sont publiés en mars 2022 dans la revue Lancet Digital Health.

L'étude, précisent les chercheurs, n'a pas été conduite sur la base d'hypothèses prédéfinies mais elle s'appuie sur 123 associations possibles, extraites de l'ensemble des données médicales.

Stanley Durrleman, codirecteur du projet Aramis (Inria Paris, Sorbonne Université, CNRS, Inserm) et ses collègues (1) ont analysé les données médicales anonymisées de près de 40 000 patients souffrant de démence due à Alzheimer (20 214 au Royaume-Uni, et 19 458 en France), et celles d'autant de patients qui n’ont pas développé de maladies neurodégénératives sur la période étudiée.

Les rapprochements effectués « nous ont permis de confirmer des facteurs de risque connus, comme les problèmes d'audition, et d'autres facteurs ou symptômes précoces qui le sont moins, comme la spondylarthrose cervicale ou la constipation, et devront donc faire l'objet d'études complémentaires pour comprendre les mécanismes sous-jacents », explique Thomas Nedelec.

« La question reste de savoir si les problèmes de santé rencontrés sont des facteurs de risque ou bien des symptômes ou signes avant-coureurs de la maladie », précise Thomas Nedelec, coauteur.

Il ressort une liste des 10 pathologies les plus fréquemment rencontrées chez les patients qui déclareront une maladie d’Alzheimer dans les 15 ans :

  1. la dépression figure en tête de liste (Une forme de dépression liée à un risque accru de démence) ;
  2. suivie par l'anxiété (Une augmentation de l'anxiété pourrait être un signe précoce d'Alzheimer) ;
  3. l'exposition à un stress important ;
  4. la perte d'audition ;
  5. la constipation ;
  6. la spondylarthrose cervicale ;
  7. les pertes de mémoire ;
  8. la fatigue (et les malaises) ;
  9. les chutes ;
  10. les pertes de poids soudaines.

Le but de ces travaux est d'aider à détecter le plus tôt possible les signes précoces et facteurs de risques pour retarder le début de la maladie.

« Certains chercheurs pensent par exemple que le fait d'appareiller une personne qui souffre d'une perte d'audition peut dans certains cas retarder l'apparition d'une forme de démence, détaille Thomas Nedelec. La perte de l'audition est en effet synonyme de moindres contacts, et donc d'un cerveau moins stimulé, dont les neurones risquent de disparaître plus rapidement qu'ils ne le devraient ».

Plusieurs suites scientifiques sont déjà à l'ordre du jour. Les chercheurs souhaitent, entre autres, étudier comment de tels résultats pourraient, à terme, améliorer le repérage précoce des malades. « Dans un premier temps, l’entreprise Cegedim va alerter automatiquement les médecins généralistes utilisant leur logiciel pour les prévenir si un patient possède plusieurs des facteurs de risque identifiés et proposer un suivi adapté. Les nouvelles données collectées dans ce cadre viendront affiner les moyens de repérage des personnes à risque, préalable indispensable à la mise en place de stratégies de prévention efficaces. »

Pour plus d'informations sur la maladie d'Alzheimer, voyez les liens plus bas.

Voyez également :

(1) Thomas Nedelec, Baptiste Couvy-Duchesne, Fleur Monnet, Timothy Daly, Phil Manon Ansart, Laurène Gantzer, Béranger Lekens, Stéphane Epelbaum, Carole Dufouil.

Psychomédia avec sources : Inria, Lancet Digital Health, Lancet Digital Health.
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