Le Collège des médecins du Québec et les présidents de l'Association des neurologues du Québec et de l'Association des radiologistes du Québec ont fait le point, en conférence de presse le 9 novembre, concernant l'hypothèse du Dr Paolo Zamboni, sur un lien possible entre l'insuffisance vasculaire céphalorachidienne chronique (IVCC) et la sclérose en plaques.
« Le Collège des médecins est d'avis que les connaissances actuelles ne permettent pas aux médecins de pratiquer au Québec, en dehors d'un cadre de projet de recherche, ce traitement qui est pour le moment non reconnu par la communauté médicale scientifique », indique le communiqué de presse.

« Il faut attendre le résultat des études en cours avant de généraliser les traitements du professeur Zamboni et surtout, nous leur recommandons de ne pas consulter les cliniques de tourisme médical qui offrent ces traitements prématurément en se préoccupant peu de leur efficacité et des effets secondaires », dit le Dr Charles Bernard, président nouvellement élu du Collège.

« Depuis quelques mois, plusieurs études réalisées à travers le monde pour valider l'hypothèse du Dr Zamboni indiquent que les obstructions veineuses ne sont pas présentes uniquement chez les personnes atteintes de la sclérose en plaques et qu'elles ne sont pas nécessairement présentes au début de la maladie », précise le communiqué.

« Selon les données préliminaires des recherches en cours, il semble aussi que les obstructions veineuses apparaissent tardivement au fur et à mesure que la maladie progresse. Donc, ces résultats démontrent que les obstructions veineuses ne seraient pas à l'origine de la maladie de la sclérose en plaques, comme le propose l'hypothèse du professeur Zamboni », a déclaré le Dr Marc Girard, président de l'Association des neurologues du Québec.

Il a aussi insisté sur l'importance des études nord-américaines actuellement en cours et subventionnées par les Sociétés canadienne et américaine de la sclérose en plaques. « Plus que jamais ces études sont nécessaires pour mieux comprendre la prévalence de l'IVCC et déterminer la suite de la recherche sur l'approche proposée par le professeur Zamboni ».

Par ailleurs, à cause de l'insuffisance des données scientifiques concernant l'hypothèse du Dr Zamboni et le traitement par angioplastie veineuse, le diagnostic et le suivi radiologique de l'IVCC et son traitement ne sont pas simples à effectuer. « Présentement, les radiologistes ne sont pas en mesure d'identifier un examen standardisé permettant de diagnostiquer l'IVCC chez une personne atteinte de la sclérose en plaques. Certains médecins proposent l'échographie, d'autres la résonance magnétique ou encore une phlébographie. Il n'y a pas non plus de consensus quant aux normes d'interprétation de ces examens. Ce sont, entre autres, les raisons pour lesquelles les projets de recherche doivent se poursuivre si nous voulons obtenir les réponses aux interrogations actuelles afin de donner les meilleurs soins possibles aux patients », a ajouté le Dr Frédéric Desjardins, président de l'Association des radiologistes du Québec.

« Je suis atteint de la sclérose en plaques depuis plus de 20 ans. Ce n'est pas la première fois que l'on propose un traitement miracle. Je comprends l'espoir soulevé par l'hypothèse du Dr Zamboni chez les personnes atteintes comme moi de la sclérose en plaques. Toutefois, je leur dis prudence. Les patients ne devraient pas délaisser leurs médications actuelles pour recevoir un traitement non reconnu. Il faut avoir la sagesse et la patience d'attendre les résultats des recherches en cours avant d'aller plus loin », a conclu le Dr Guy Dumas, administrateur au Collège des médecins du Québec.

Psychomédia avec source : Collège des médecins du Québec.
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