Des chercheurs suisses ont identifié le mécanisme auto-immunitaire à la base de la narcolepsie, démontrant ainsi la pertinence d'un traitement contre les maladies auto-immunes pour ce trouble. Leurs travaux sont publiés dans le Journal of Clinical Investigation.

La narcolepsie est notamment caractérisée par une somnolence diurne et des attaques de cataplexie (paralysie musculaire) suite à des émotions.
Il est connu depuis les années 1980 que la narcolepsie est une maladie auto-immune associée à un gène du système immunitaire, qui est aussi impliqué dans la sclérose en plaques ; 20 % de la population générale est porteuse de ce gène sans forcément être malade.

Depuis 10 ans, on sait que les personnes atteintes de cette maladie perdent des neurones (cellules nerveuses) produisant un neurotransmetteur de l’éveil, l’hypocrétine (également connue sous le nom d’orexine). La cause de cette disparition restait inconnue, aucune réaction du système immunitaire n’ayant été repérée.

« Dès 2003, le professeur Tafti préconisait un traitement à base d’immunoglubulines, parade de choix contre d’autres maladies auto-immunes du système nerveux. Avec “des résultats extraordinaires” puisque les personnes traitées peu après les premiers symptômes ont parfois retrouvé un taux normal d’hypocrétine ou du moins ont vu pour la plupart d’entre elles disparaître leurs crises. Il restait à trouver la preuve d’une attaque auto-immune contre le cerveau, réaction d’autant plus difficile à déceler qu’elle ne se produit qu’une seule fois lors de la première crise, détruisant d’un coup les neurones à hypocrétine, au lieu de se manifester d’une façon récurrente comme dans d’autres maladies auto-immunes de type progressives. »

Les chercheurs Mehdi Tafti de l’UNIL et Michel Muhlethaler de l’UNIGE (Suisse), en collaboration avec des collègues européens, ont fait porter leurs recherches sur les neurones à hypocrétine, faisant l'hypothèse que ces derniers produisent sans doute un élément perçu à tort par le système immunitaire comme étant étranger.

« Une souris transgénique a permis à l’équipe d’identifier tous les gènes exprimés par ces neurones, et de mettre en évidence le fait que certains sont plus spécifiquement exprimés dans ces neurones par rapport au reste du cerveau. En particulier, un gène permettant la production d’une protéine, Trib2, qui a été récemment impliquée dans une autre maladie auto-immune, a été repéré. Une analyse du sérum de 120 patients narcoleptiques européens – comparée à d’autres analyses effectuées auprès de personnes en santé, ayant une sclérose en plaques, une autre maladie du sommeil et d’autres maladies neurologiques inflammatoires – a alors révélé des anticorps anti-Trib2 chez les personnes narcoleptiques, avec un taux très élevé lorsque le diagnostic de la narcolepsie était précoce (dans les mois suivant les premiers symptômes). »

« La preuve est ainsi faite qu’un traitement contre les maladies auto-immunes est adapté lorsque l’on peut détecter ces anticorps chez une personne. Il serait possible alors d’éviter la destruction des neurones à hypocrétine porteurs de l’antigène Trib2. »

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Psychomédia avec source : Unil.
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