De moins en moins dispendieuse sur le marché, l'usage de "coke" se "démocratise" en France, au point que des spécialistes parlent d'une épidémie. Un article du journal Le Monde dresse un portrait.

"C'est le tsunami de demain", pronostique ainsi Etienne Apaire, président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT).

Plus d'un million de Français en auraient déjà consommé au moins une fois, soit 2,6 % des 15-64 ans en 2005, selon les derniers chiffres disponibles.

La disponibilité de la cocaïne s'est fortement accrue depuis 2002. Le prix du gramme (dix sniffs) a été divisé par deux depuis les années 1990. Il se situe en moyenne à 60 euros. Mais on trouve de la cocaïne en "deal de rue" à 30 ou 40 euros.

"La cocaïne devient la drogue de M. Tout-le-Monde", résume le président de la MILDT. "Le sniff se banalise et se systématise dans les soirées, acquiesce le professeur Michel Reynaud, chef du département de psychiatrie et d'addictologie de l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne). La cocaïne bénéficie de l'image d'une drogue correspondant à notre époque, avec une recherche de plaisir, de valorisation sexuelle et de plus grande performance dans tous les domaines."

L'usage occasionnel de la cocaïne se répand dans toutes les couches sociales et touche de plus en plus les employés et les jeunes.

"La consommation débute souvent dans un contexte festif, en association avec d'autres produits, comme l'alcool, le cannabis ou l'ecstasy", explique le docteur Agnès Cadet-Taïrou, responsable du programme "phénomènes émergents" à l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). "Le problème vient quand les usagers s'installent dans la consommation." Car "les consommateurs s'accrochent vite à son effet "high", euphorique, stimulant, et le recherchent de nouveau, constate Laurent Karila, psychiatre à l'hôpital Paul-Brousse. C'est sournoisement que s'installe une consommation moins récréative : les gens commencent à acheter seuls, et ils consomment seuls."

Les usagers s'adressent de plus en plus aux médecins pour une consommation spécifique de cocaïne, un phénomène qui n'existait pas il y a cinq ans. Or le système de soins est démuni face à ce stupéfiant, pour lequel il n'existe pas de traitement de substitution. Contrairement à l'héroïne, que l'on peut remplacer par la buprénorphine (Subutex) ou la méthadone, on ne sait pas encore mimer, par une autre molécule, l'effet de la cocaïne.

Comme avec les autres drogues, la prise en charge reste essentiellement psychothérapeutique. "Avec la cocaïne, le sevrage est bref, explique Marc Valleur, psychiatre à l'hôpital Marmottan. Le problème, c'est la prévention des rechutes, qui nécessite un suivi au long cours."

PsychoMédia avec source:
Le Monde

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