Les spécialistes en alcoologie sont réunis du 13 au 16 septembre à Paris, à l'occasion du congrès mondial de l'Isbra (International Society for Biomedical Research on Alcoholism). Certains développement en cours dans le domaine du traitement de la dépendance à l'alcool par médicaments présentés à ce congrès sont rapportés par Le Figaro.

Actuellement, seulement quelques médicaments ont une autorisation de mise sur le marché:

- l'acamprosate (Aotal, Campral) : dont les mécanismes d'action demeurent peu compris (il interagirait surtout avec le système du neurotransmetteur glutamate et restaurerait ainsi l'équilibre entre excitation et inhibition neuronales perturbé par l'alcool, réduisant ainsi le goût de boire et la rechute) ;

- la naltrexone (Revia, Depade, Nalorex ou Vivitrol) : antagoniste de récepteurs d'opiacés, elle bloque l'effet euphorique de l'alcool ;

- le disulfirame (Espéral, Antabuse) : agent aversif, il inhibe le métabolisme de l'alcool. Il provoque des réactions désagréables à l'ingestion d'alcool : palpitations, nausées, vomissements.

(Voyez sur Psychomédia : Traitement par médicaments de la dépendance à l'alcool pour plus d'information sur leur action, mécanisme et utilisation). Les résultats de ces médicaments sont modestes : en moyenne, au bout d'un an, la naltrexone et l'acamprosate aident 30 % des gens. Mais le taux de répondeurs est plus élevé dans certains groupes, explique le Pr Karl Mann (addictologue en Allemagne). Ainsi, le pourcentage de réponse à la naltrexone s'élève à 50 % chez les personnes porteuses d'un gène particulier. Une autre particularité génétique influence la réponse à l'acamprosate.

Cette approche de pharmacogénétique n'est actuellement qu'au stade de recherche, indique toutefois le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre et président de la Société française d'alcoologie. Tout comme les examens d'imagerie (notamment par résonance magnétique) qui permettent de prédire l'efficacité d'un médicament ou un risque de rechute.

La réponse au traitement peut aussi être évaluée sur des critères cliniques. Le Pr Mann a ainsi mis au point un questionnaire pour les personnes en rechute. Celles qui retombent dans l'alcool dans un contexte festif répondraient mieux à la naltrexone que celles qui reboivent dans un cadre dépressif.

De nouveaux médicaments sont également à l'étude. Parmi les plus avancés, le nalmefene (Revex) qui fait l'objet d'un essai clinique en France. Ce médicament, agissant sur les récepteurs opioïdes, est très proche de la naltrexone. L'essai clinique vise non pas l'abstinence mais le retour à une consommation contrôlée, un concept récent pour les chercheurs en alcoologie, indique le Pr Lejoyeux.

Des médicaments prescrits pour d'autres maladies, comme le baclofène (Lioresal et génériques, relaxant musculaire) et le topiramate (Epitomax, Topamax, antiépileptique) sont aussi en cours d'évaluation.

En France, le nombre de buveurs excessifs est estimé à 5 millions et celui des alcoolodépendants à 2 millions, indique le Figaro

Psychomédia avec source : Le Figaro.
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