Est-ce qu'une propension à commettre le viol devrait être considérée comme un trouble mental distinct ? Le débat a fait rage et il semble maintenant que le « trouble paraphilique coercitif » n'apparaitra pas dans la prochaine édition du manuel diagnostique de la psychiatrie de l'American Psychiatric Association (APA) dont la publication est prévue pour 2013 (1).

En février 2010, le trouble paraphilique coercitif a été proposé pour une inclusion dans le manuel. Des experts du groupe de travail sur les troubles sexuels ont fait valoir que le trouble est distinct du sadisme sexuel.

Le diagnostic proposé s'appliquait, rapporte le New Scientist, à des hommes qui vivent des fantasmes ou des pulsions intenses impliquant la contrainte sexuelle sur une période d'au moins six mois, et chez qui cela cause une détresse significative, nuit au fonctionnement ou a conduit à obtenir des relations sexuelles par la force de « trois personnes ou plus non consentantes à des occasions distinctes ».

Les critiques ont argumenté qu'il n'était pas démontré que le trouble paraphilique coercitif était un trouble mental distinct. Il s'agit d'une « catégorie poubelle », soutenait notamment le psychologue Raymond Knight de l'Université Brandeis.

Le débat est devenu très houleux car de nombreux États américains ont des lois qui permettent que les délinquants sexuels ayant purgé des peines de prison demeurent détenus indéfiniment dans des hôpitaux sécuritaires s'ils sont jugés « prédateurs sexuels » dangereux.

Une décision de la Cour suprême fédérale a statué que cela ne peut se faire que si ces personnes ont un trouble mental qui les rend susceptibles de commettre d'autres actes de violence sexuelle. À l'heure actuelle, plusieurs des personnes qui sont détenues en vertu de ces lois ont un diagnostic vague de paraphilie non spécifiée, ce qui est contesté judiciairement.

Le site internet du DSM-5 indique maintenant que le trouble paraphilique coercitif est considéré pour une inclusion dans l'annexe du manuel listant les conditions qui nécessitent plus de recherche, plutôt que comme un nouveau diagnostic.

(1) Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders - DSM-5)

Psychomédia avec source : New Scientist.
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