Une nouvelle étude américaine, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) montre que l'exposition au bisphénol A (BPA) augmente l'incidence de cancers du sein chez le singe, rapporte Le Monde. Chez les rongeurs, ce fait est connu depuis longtemps.

Andrew Tharp et Maricel Maffini de la Université Tufts (Boston) ont, avec leurs collègues, administré à des femelles macaques, pendant les deux derniers mois de leur grossesse, une faible dose de BPA donnant une concentration sanguine comparable à celle trouvée dans la population humaine.

Ils ont ensuite évalué les effets sur leur descendance en prélevant la glande mammaire des nouveaux-nés et en la comparant à celle d'un groupe-témoin. Chez les singes exposés, le développement de la glande mammaire était plus avancé dès la naissance.

Dans le cas des souris et des rats, ces changements de morphologie de la glande mammaire s'accroissent avec l'âge. Les différences avec les animaux qui n'ont pas été exposés deviennent de plus en plus marquées avec le temps et favorisent, plus tard le développement de lésions précancéreuses et cancéreuses.

"L'exposition in utero au BPA produisant des effets identiques sur la glande mammaire à court terme chez les rongeurs et les primates, il est probable que les effets à long terme soient analogues. Et il n'y a nulle raison qu'ils épargnent l'espèce humaine", indique Ana Soto, co-auteure de l'étude.

Elle pointe un autre indice en ce sens: "Si on considère le DES (diéthylstilbestrol, molécule active du distilbène, un médicament désormais interdit), très proche du BPA, on sait depuis 1986 que chez la souris, l'exposition in utero augmente l'incidence de cancers mammaires. Avec le scandale du distilbène, on sait depuis 2006 que les femmes qui ont été exposées au DES durant leur stade fœtal ont deux fois plus de risques de développer un cancer du sein après 40 ans.

En France, rappelle Le Monde, un projet de loi déposé en 2011 par le député (PS) Gérard Bapt, prévoit l'interdiction du BPA dès 2013 dans les contenants alimentaires pour les enfants, puis en 2014 pour les autres. Les autorités européenne (EFSA) et américaine (FDA) considèrent pour leur part que les preuves manquent pour bannir ce produit. Le Réseau Environnement Santé (RES), notamment, dénonce régulièrement les conflits d'intérêts qui prévalent à l'EFSA.

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