Alors que plusieurs croient qu'avoir plus de revenus les rendrait plus heureux, des recherches récentes montrent que ce lien entre revenu et bonheur est en grande partie une illusion et que les gens plus aisés ne passent pas nécessairement plus de temps agréable.

Les résultats de cette recherche, menée par l'économiste Alan B. Krueger et le psychologue Daniel Kahneman, récipiendaire du prix Nobel d'économie 2002, s'appuient sur le développement de nouvelles méthodes pour mesurer le bien-être des individus et des sociétés.
Cette mesure est basée sur l'évaluation quotidienne de l'appréciation des différents moments de la journée plutôt que sur un jugement global de satisfaction.

L'utilisation de cette méthode montre que les gens qui ont un revenu au-dessus de la moyenne se disent un peu plus satisfaits de leur vie mais sont à peine plus heureux que les autres à travers les différents moments de la journée, ont tendance à être plus tendus et ne passent pas plus de temps dans des activités particulièrement agréables.

Une recherche de ces auteurs en 2004 utilisant cette méthode auprès de 909 femmes ayant un emploi a montré qu'un revenu plus élevé influençait peu le niveau de bonheur dans le quotidien. Voyez au sujet de cette étude : Mesures de l'agrément dans le quotidien des femmes.

Après qu'on ait demandé aux participantes de rapporter le pourcentage de temps passé de mauvaise humeur la journée précédente, on leur demandait de prédire combien de temps les gens avec différents niveaux de revenus passaient de mauvaise humeur.

Les participantes s'attendaient à ce que les femmes qui gagnent moins que 20 000 $ par année passent 32 % plus de temps de mauvaise humeur que les femmes qui gagnent plus de 100 000 $.

En réalité, les répondantes gagnant moins que 20 000 $ rapportaient passer seulement 12 % plus de temps de mauvaise humeur que celles qui gagnent plus de $100 000. L'effet du revenu sur l'humeur était donc grandement surestimé.

Une recherche auprès de 810 femmes en 2005, dans laquelle les participantes rapportaient leur expérience aux différents moments de la journée, leur revenu annuel et leur niveau de satisfaction générale par rapport à leur vie, montre que le revenu est moins fortement relié avec le bonheur mesuré aux différents moments de la journée qu'avec le niveau de satifaction générale envers leur vie.

Si les gens ont un revenu élevé, ils croient qu'ils devraient être satisfaits et cela se reflète dans leur réponse, croit Krueger (à la lumière de recherches précédentes démontrant expérimentalement que le niveau de satisfaction générale peut être ainsi biaisé).

Les chercheurs ont aussi étudié les données d'un sondage national sur comment les gens avec des revenus familiaux variés passent leur temps. Ces données montrent que les gens avec des revenus plus élevés consacrent plus de temps à travailler, magasiner, s'occuper des enfants et les autres activités obligatoires. Les participantes à la recherche de 2005 associaient ces activités à plus de tension et de stress.

Les gens avec plus de revenus passent moins de temps en loisirs tels que socialiser ou regarder la télévision, ce que les participantes considéraient comme plus agréable.

Selon des statistiques gouvernementales, les gens faisant plus de 100 000 $ par année passent environ 20 % de leur temps en loisir comparativement à environ 35 % chez ceux faisant moins que 20 000 $.

Malgré le faible lien entre le revenu et la satisfaction par rapport à sa vie ou le bien-être dans le quotidien, beaucoup de gens sont très motivés à augmenter leurs revenus. Dans certains cas, l'illusion que de meilleurs revenus augmenteraient significativement le bonheur peut conduire à une mauvaise utilisation du temps (comme accepter les longs transports - qui sont considérés comme les pires moments de la journée dans ces recherches) et sacrifier les moments passés à socialiser (qui sont considérés comme les meilleurs moments).

Les chercheurs notent que leurs recherches utilisant la méthode de l'évaluation des différents moments de la journée ont été menées auprès de femmes parce que la méthode est à une étape de développement et ils souhaitaient l'utiliser dans des groupes homogènes. Leurs prochaines recherches concerneront les hommes et les femmes.

Il est à remarquer que certains auteurs croient davantage à la satisfaction générale comme mesure du bonheur plutôt qu'à l'agrément ou l'humeur dans le quotidien, estimant que la satisfaction capture davantage ce qui définit le bonheur qui ne se résume pas seulement à l'agrément ou le plaisir dans le quotidien.

PsychoMédia avec source : Princeton University.