Certains métabolites (petites molécules produites par les processus du métabolisme) peuvent être des indicateurs prédictifs pour les personnes à risque d'épisodes de dépression récurrents, selon une étude publiée en janvier 2021 dans la revue Translational Psychiatry.

L'étude montre « qu'un problème au niveau des mitochondries est au cœur de la dépression », explique Robert K. Naviaux, de la faculté de médecine de l'Université de Californie à San Diego.

Les mitochondries sont des organites, présents dans toutes les cellules du corps, qui produisent l'énergie nécessaire à tous les processus biochimiques. Elles utilisent l'oxygène pour transformer le glucose et les gras en molécules ATP, remplies d’énergie et utilisées par les cellules.

« C'est une petite étude, mais c'est la première à montrer le potentiel de l'utilisation de marqueurs métaboliques comme indicateurs cliniques prédictifs des patients les plus à risque, et les moins à risque, pour des épisodes récurrents de symptômes de dépression majeure », indique le chercheur.

La dépression majeure (ou dépression clinique) récurrente est un trouble de l'humeur caractérisé par la combinaison de plusieurs symptômes. Sa prévalence au cours de la vie aux États-Unis est estimée à 20,6 %, ce qui signifie qu'un Américain sur cinq souffrira d'au moins un épisode au cours de sa vie. Pour les personnes souffrant de dépression majeure récurrente, le risque de récurrence sur cinq ans atteint 80 %.

Pour leur étude, Naviaux et ses collègues des universités de Californie à San Diego (États-Unis) et Radboud Nijmegen (Pays-Bas) ont mesuré 399 métabolites à partir d'échantillons sanguins chez 68 personnes (45 femmes, 23 hommes) atteintes de dépression majeure récurrente qui étaient en rémission sans antidépresseurs et 59 personnes appariées pour constituer un groupe de comparaison. Les participants ont été suivis prospectivement pendant deux ans et demi.

Une signature métabolique observée lorsque les patients étaient en bonne santé pouvait prédire lesquels étaient les plus susceptibles de rechuter jusqu'à deux ans et demi dans le futur. La précision de cette prédiction était de plus de 90 %. Les substances chimiques les plus prédictives appartiennent à certains types de lipides (graisses qui incluent les eicosanoïdes et les sphingolipides) et de purines.

Les purines sont fabriquées à partir de molécules, telles que l'ATP et l'ADP, qui sont les principales substances chimiques utilisées pour le stockage de l'énergie dans les cellules, et qui jouent également un rôle dans les communications des cellules sous stress, connues sous le nom de signalisation purinergique.

Chez les personnes atteintes de dépression majeure récurrente, les modifications de métabolites spécifiques dans six voies métaboliques (phospholipides, sphingomyélines, glycosphingolipides, eicosanoïdes, microbiote et purines) identifiées entraînaient des altérations fondamentales d'importantes activités cellulaires. Ces changements étaient dus à une altération de la régulation mitochondriale de l'oxydoréduction cellulaire, de la signalisation, de l'énergie et du métabolisme des lipides.

« Les résultats ont révélé une signature biochimique sous-jacente à la dépression majeure récurrente qui distingue les patients diagnostiqués des participants du groupe témoin », résume Naviaux. « Ces différences ne sont pas visibles par une évaluation clinique ordinaire, mais suggèrent que l'utilisation de la métabolomique, l'étude biologique des métabolites, pourrait être un nouvel outil pour prédire quels patients sont les plus susceptibles de connaître une récurrence des symptômes dépressifs. »

Ces conclusions doivent être validées dans une étude plus large menée avec un plus grand nombre de participants, mentionnent les chercheurs.

Autres travaux de l'équipe de Robert K. Naviaux : Le syndrome de fatigue chronique serait un état d'hypométabolisme comparable à l'hibernation.

Pour plus d'informations sur la dépression, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : UC San Diego, Translational Psychiatry.
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