Chez des personnes atteintes d'un déficit cognitif léger, quels sont les signes que leur état évolue vers la maladie d'Alzheimer ?

Afin de répondre à cette question, une étude québécoise, publiée dans le Journal of Alzheimer's Disease, a comparé l'évolution de personnes atteintes d'un tel déficit qui ont évolué vers la maladie d'Alzheimer à celles dont la cognition est demeurée stable.

La psychologue Sylvie Belleville et ses collègues (1) des universités de Montréal et McGill ont évalué annuellement les fonctions cognitives chez 121 personnes qui, au début de l’étude, présentaient un déficit cognitif léger. Parmi celles-ci, 47 ont développé la maladie d’Alzheimer

Chez les personnes qui évoluent vers la démence, la mémoire épisodique et la mémoire de travail déclinent progressivement, mais très lentement, pendant plusieurs années, avant de se dégrader très rapidement deux ans avant le diagnostic.

« Nous avons identifié un profil de changement qui caractérise les personnes qui progressent vers la démence. Un déclin rapide de la mémoire épisodique et de la mémoire de travail associé à des problèmes de langage semble être le profil typique des personnes qui ont un risque élevé de développer une démence dans un court laps de temps », explique la chercheuse.

« Le déclin très graduel qui survient pendant plusieurs années indique peut-être (...) qu’il existe des processus naturels de compensation qui permettent au cerveau de maintenir [une activité quasi normale]. Mais, au moment où ces processus de compensation sont eux-mêmes atteints, tout s’effondre ».

Chez les personnes qui, au début de l’étude, avaient des problèmes de mémoire, mais qui n'ont pas évolué vers la maladie d’Alzheimer, les fonctions cognitives sont demeurées stables. « Ce qui indique que ce n’est pas tant d’avoir un problème de mémoire, mais la progression de ces symptômes qui est un signe de la maladie », souligne-t-elle.

Quant au langage, il est préservé pendant la phase précoce de la maladie, qui peut s’étaler sur plus de 15 ans. Il ne se dégrade qu’après que le diagnostic a été posé.

Le diagnostic de cette maladie arrive tardivement dans son évolution, parfois jusqu'à 15 ans après ses premiers effets sur le cerveau.

(1) Simon Cloutier, Howard Chertkow, Marie-Jeanne Kergoat, Serge Gauthier.

Psychomédia avec sources : Université de Montréal, Journal of Alzheimer's Disease, Le Devoir.
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