Les adeptes de la méditation de pleine conscience présentent une plus grande épaisseur du cortex dans des régions du cerveau responsables de la régulation de l'attention; et, une partie de ces mêmes zones est plus mince chez les personnes souffrant d'un trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Des chercheurs de l'Université de Montréal et de l'Université McGill établissent ce rapprochement dans un article publié dans la revue Biological Psychology.

Cette étude suggère l'intérêt de mener des études cliniques pour vérifier si des personnes aux prises avec un TDAH pourraient bénéficier des effets de la méditation. « D'autant plus que des travaux à l'aide de l'imagerie fonctionnelle ont déjà montré que la méditation pourrait améliorer les capacités d'attention de gens qui ne présentent pas un tel déficit », explique Pierre Rainville de l'Université de Montréal.

Une étude menée avec 18 adeptes de méditation ayant accumulé un minimum de 1000 heures de pratique a montré qu'ils présentaient une plus grande « capacité d'absorption » que des personnes ne pratiquant pas la méditation. La capacité d'absorption est l'aptitude à s'immerger complètement dans ce qui soutient l'attention. C'est la façon, par exemple, dont un spectateur assis dans un théâtre se voit transporter par l'action qui se passe sur scène au point où il en oublie où il se trouve, explique M. Rainville.

Plus grande était la capacité d'absorption, plus grande était l'épaisseur corticale. Et cette capacité d'absorption, ont montré des chercheurs américains au moyen de mesures d'activité cérébrale, est liée à une plus grande capacité de se concentrer sur une source d'information précise et de filtrer toute interférence.

Ces résultats renforcent la pertinence de poursuivre d'autres recherches pour évaluer les effets de la méditation de pleine conscience sur le contrôle de la douleur, souligne le chercheur.

Cela pourrait être particulièrement intéressant chez des personnes âgées en bonne santé ou souffrant de troubles cognitifs légers. « Bien qu'ils perçoivent la douleur avec peut-être davantage d'acuité, les adeptes de méditation n'y réagissent pas avec la même émotion. Des résultats en imagerie cérébrale fonctionnelle illustrent bien que les régions de leur système limbique, qui jouent un rôle important dans les émotions, ne sont pas mobilisées lorsqu'ils ont mal. Certaines recherches semblent indiquer que l'efficacité des systèmes d'autorégulation de la douleur diminuerait au cours du vieillissement normal. Est-ce que la méditation pourrait alors aider les gens âgés à mieux gérer leur douleur? Cela reste spéculatif mais mérite assurément notre attention ».

Si les bienfaits cliniques de la méditation demeurent encore incertains pour les personnes aux prises avec un TDAH et pour le soulagement de la douleur chez les ainés, il sont bien démontrés pour les personnes souffrant d'anxiété ou des effets délétères du stress, indique le chercheur.

Ces personnes voient souvent leurs pensées ou leurs activités interrompues par des interférences qui proviennent de ruminations ou de l'anticipation d'un danger potentiel, explique le chercheur. La méditation de pleine conscience, en aidant à recentrer l'attention sur le moment présent, contribuerait à diminuer le retentissement émotionnel négatif de ces pensées. Cela pourrait également expliquer au moins en partie les effets bénéfiques observés sur la douleur.

Photo : Université de Montréal.

Psychomédia avec source : Université de Montréal.
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