Le laboratoire pharmaceutique Servier, fabriquant du médicament Mediator, coupe-faim réservé aux personnes atteintes de diabète de type 2, a demandé en référé, lundi au tribunal civil de Brest, le retrait d'une partie du titre du livre "Mediator 150 mg, Combien de morts?" édité par la jeune maison d'édition Dialogues.fr. Le jugement a été mis en délibéré au 7 juin.

La mise en vente du livre est prévue pour le 3 juin. Il est écrit par la Dre Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest et coordonnatrice d’une étude sur ce médicament qui a contribué à la suspension d'autorisation de mise en marché de ce dernier par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) en novembre 2009.

Le laboratoire demande qu’un bandeau soit apposé sur la couverture du livre car la question "jette le discrédit sur le laboratoire, peut affoler les populations et n’est fondée sur aucune preuve scientifique", a déclaré Me Nathalie Carrere, l’avocate du laboratoire.

Me François Honnobat, avocat de l’éditeur a fait valoir une "atteinte à la liberté d’expression". Pour Charles Kermarec, l’éditeur, la décision du juge est positive car "elle n’empêche pas la sortie du livre le 2 juin. Il sera dans les librairies à partir du 3".

L'équipe du Dr Frachon avait constaté que des personnes souffrant d'hypertension artérielle pulmonaire, une maladie grave, rare et évolutive qui touche les valves du coeur, prenaient régulièrement du Mediator, notamment pour perdre du poids. Le livre raconte l'enquête médicale qui a conduit à la suspension du médicament. "Au détour de cette enquête, on découvre les façons de travailler du laboratoire Servier, ainsi que les errements et les retards dans la décision de (...) l’Afssaps", a rapporté France3. Environ 200 000 personnes prenaient le médicament au moment de son retrait.

Un autre médicament du laboratoire, le coupe-faim Isoméride (dexfenfluramine) avait été suspendu en 1997. Il s'agissait, comme le Mediator, d'un dérivé d'amphétamines. Ce médicament pouvait aussi causer l’hypertension artérielle pulmonaire qui pouvait se déclarer plus de 5 ans après l'arrêt du médicament selon l'Afssaps.

Psychomédia avec sources:
Ouest-France, AFP, France3