Les Québécois travaillent plus qu'il y a 20 ou 30 ans, et une grande proportion se sent stressée par le manque de temps, selon une étude, menée auprès de 15 000 personnes lors de cinq enquêtes réalisées de 1986 à 2010 par Statistique Canada, relayée par la journaliste Isabelle Paré dans Le Devoir.

Ils consacrent en moyenne près de 46 heures par semaine au travail, si l’on inclut les heures non rémunérées et le temps de déplacement pour le travail.

« La plus grande tendance, c’est qu’on travaille plus. Au moins quatre heures de plus en moyenne qu’à la fin des années 90 et cinq heures de plus par semaine que les travailleurs français ou américains. Sur 20 ans, le changement est radical », indique Gilles Pronovost, professeur au Département d’études en loisir, culture et tourisme de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et auteur du livre « Que faisons-nous de notre temps ? 24 heures dans la vie des Québécois » publié en 2015 aux Presses de l’Université du Québec.

Le temps de travail a particulièrement augmenté chez les 45 à 54 ans, qui bossent 12 heures de plus par semaine que la génération précédente ; les 35 à 44 ans, souvent jeunes parents, travaillent 6 heures de plus, et les « préretraités » de 55 à 64 ans, 5 heures de plus.

« En raison de la plus forte scolarisation, les gens arrivent plus tard sur le marché du travail. Il est clair qu’ils vont y rester aussi plus longtemps et plus d’heures, comme le montre la hausse des heures travaillées à l’âge de la préretraite », croit Gilles Pronovost.

Les mères, avec une moyenne de 42 heures, « (…) travaillent cinq heures de plus qu’en 1998 et jouissent du plus faible temps de loisir jamais mesuré dans les enquêtes canadiennes, en baisse de quatre heures et demie par semaine », indique-t-il. Plus scolarisées, elles occupent des fonctions de plus en plus exigeantes, qui poussent à la hausse la durée de la semaine de travail.

Pour préserver le temps consacré aux enfants, les mères diminuent le temps consacré à leurs propres loisirs et aux tâches domestiques.

« Chez les jeunes parents (…) on coupe dans le temps de sommeil, dans le temps social, dans le temps de lecture et même dans le temps consacré aux enfants ! (…) »

Le temps de loisir des pères a aussi écopé, mais au profit d’une plus grande présence auprès des enfants. Une demi-heure séparait le temps investi dans les soins aux enfants (en 2010) par les mères et les pères comparativement à trois heures en 1986.

Quant aux tâches ménagères, cuisine et entretien, les femmes y consacrent 15 heures par semaine, contre 10 pour les hommes.

La moitié des Québécois se disent « tendus par manque de temps » et près de 40 % coupent dans les heures de sommeil.

De 32 heures par semaine en 1998, le « temps libre » (hors sommeil) est passé à 28 heures en 2010.

Psychomédia avec source : Le Devoir.
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