Un déséquilibre du microbiote intestinal peut provoquer une importante baisse de certains métabolites causant ainsi un état dépressif, montre une étude française publiée en décembre 2020 dans la revue Nature Communications.

De récentes études ont montré une association entre troubles de l’humeur et altérations du microbiote intestinal.

C’est ce qu’avait mis en lumière un consortium de chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS et de l’Inserm en montrant l’existence d’un lien entre le microbiote intestinal et l’efficacité de l'antidépresseur fluoxétine (Prozac).

Dans la présente étude, Grégoire Chevalier, de l’Institut Pasteur, et ses collègues ont découvert, dans un modèle animal, comment une modification du microbiote intestinal, engendrée par un stress chronique, peut être à l’origine d’un état dépressif notamment en provoquant un effondrement de métabolites lipidiques, les cannabinoïdes endogènes (ou endocannabinoïdes), rapporte un communiqué de l'Inserm.

« La baisse de ces métabolites se traduit par un profond défaut de fonctionnement du système de communication dérivé de ces mêmes métabolites. »

Ces métabolites se lient sur des récepteurs qui sont également la principale cible du THC (tétrahydrocannabinol), le composant actif le plus connu du cannabis. L'étude montre que lorsque les endocannabinoïdes n’étaient plus présents dans une région clé du cerveau qui participe à la formation des souvenirs et des émotions, l’hippocampe, un état dépressif survenait.

Les chercheurs ont étudié les microbiotes d’animaux sains et d’animaux présentant des troubles de l’humeur. « De façon surprenante, le simple transfert du microbiote d’un animal présentant des troubles d’humeur à un animal en bonne santé suffit à induire des modifications biochimiques, et conférer des comportements synonymes d’un état dépressif chez ce dernier », explique Pierre-Marie Lledo, coauteur.

Certaines espèces bactériennes qui sont fortement diminuées chez les animaux présentant des troubles d’humeur ont été identifiées. Un traitement oral avec ces mêmes bactéries, restaure un niveau normal de ces dérivés lipidiques et traite l’état dépressif. Ainsi, ces bactéries pourraient agir en tant qu’antidépresseur. On parle alors de « psychobiotiques ». (Qu'est-ce que les probiotiques et les prébiotiques ? Dans quels aliments se trouvent-ils ?)

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Psychomédia avec sources : Inserm, Nature Communications.
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