Les humains font preuve d'une étonnante « intelligence nutritionnelle », selon les auteurs d'une étude publiée en avril 2022 dans la revue Appetite.

De nombreuses études montrent que les animaux ont la capacité de sélectionner les aliments en fonction de leur composition en micronutriments, rapportent les chercheurs qui ont voulu vérifier si les humains ont les mêmes capacités.

Jeffrey M. Brunstrom de l'École de science psychologique de l'Université de Bristol (Royaume-Uni) et Mark Schatzker de l'École de médecine de l'Université Yale (États-Unis) ont montré que ce serait effectivement le cas.

Ces résultats remettent en question une idée prévalente parmi les scientifiques en nutrition comportementale selon laquelle les humains ne rechercheraient que les calories (l'énergie) dans la nourriture.

Brunstrom et Schatzker ont analysé les contenus de repas à deux composantes dans des données d'une grande étude nutritionnelle britannique, la National Diet and Nutrition Survey.

Ces données montrent, selon leur analyse, que les gens combinent les repas d'une manière qui augmente les micronutriments dans leur alimentation. Plus précisément, les composants de repas populaires au Royaume-Uni, par exemple le « poisson et frites » ou le « curry et riz », semblent offrir un plus large éventail de micronutriments que les combinaisons de repas générées au hasard, comme « frites et curry ».

Lorsqu'un repas offrait un excès de micronutriments (plus que 100 % de la quantité journalière recommandée), cela se produisait moins souvent que ce qui se produirait par hasard, c'est-à-dire que la « redondance des micronutriments » a tendance à être évitée.

Les chercheurs ont également mené deux expériences avec un total de 128 participants.

Dans la première, ils demandaient aux participants de choisir entre des combinaisons de deux aliments. Certaines combinaisons étaient préférées. Par exemple, une pomme et une banane étaient choisies un peu plus souvent qu'une pomme et des mûres.

Ces préférences semblent être prédites par les quantités de micronutriments et l'équilibre de différents micronutriments. Pour confirmer ces résultats, les chercheurs ont mené une deuxième expérience avec différents aliments afin de vérifier si des explications alternatives pour les préférences pouvaient s'appliquer.

Même après avoir pris en compte les connaissances nutritionnelles explicites et la densité énergétique des aliments, ils ont observé une tendance significative à choisir les paires qui offraient : 1) un apport total en micronutriments plus important et 2) une plus grande « complémentarité des micronutriments », c'est-à-dire un éventail plus large de micronutriments.

Ces résultats soulèvent de nombreuses questions, soulignent les chercheurs. Quelle est l'étendue de la sagesse nutritionnelle ? Pourquoi les individus diffèrent-ils dans leur analyse et comment la sagesse nutritionnelle s'exprime-t-elle dans l'environnement alimentaire moderne ? Comment concilier la sagesse nutritionnelle intuitive avec la longue histoire de carences en vitamines dans les populations humaines ? Peut-on attribuer ces carences uniquement à un manque d'accès à des aliments spécifiques et/ou à une mauvaise orientation nutritionnelle ?

Des études ont montré que les animaux utilisent la saveur comme guide pour les vitamines et les minéraux dont ils ont besoin. Il est probable qu'il en soit de même pour les aliments que les humains consomment, estiment les chercheurs. Par exemple, les composés aromatiques qui donnent du goût aux tomates sont synthétisés à partir de nutriments essentiels et peuvent donc être considérés comme des indices de la valeur nutritionnelle de la tomate. Si cela reflète un principe général, alors l'ajout d'arômes manufacturés aux aliments transformés - une technologie de transformation généralement considérée comme inoffensive - peut inciter à la consommation d'aliments riches en énergie qui seraient autrement moins agréables au goût.

Il se peut que les aliments vides auxquels sont ajoutés des arômes, tels que les chips et les boissons gazeuses, présentent une apparence nutritionnelle trompeuse. « L'industrie alimentaire pourrait retourner notre intuition nutritionnelle contre nous, en nous faisant consommer des aliments que nous aurions normalement évités et en contribuant ainsi à l'épidémie d'obésité. »

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Psychomédia avec sources : University of Bristol, Appetite.
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